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Jérusalem étaient pauvres. C’est ainsi que les Tarquins furent souverains dans Rome, et les Médicis à Florence. L’application infatigable d’Antipater à s’enrichir a fait penser à quelques-uns qu’il était juif ; mais on n’a jamais su au juste de quelle religion il fut lui et Hérode son fils. C’était un des hommes les plus entreprenants, et des plus rusés. Il se rendit nécessaire aux romains dans leur guerre contre Aristobule ; il contribua beaucoup à l’accabler, parce qu’il gagnait à sa perte. Il s’intrigua sans cesse avec les commandants romains, les juifs et les arabes, les fesant tous servir à ses intérêts, et prêtant de l’argent par avarice à quiconque pouvait l’aider dans ses exactions. Il épousa une fille riche d’Arabie nommée Kypron, dont il eut quatre enfants. Hérode n’était que le second : mais ayant toutes les qualités et tous les vices de son pere dans un plus haut degré, il devait faire une bien plus grande fortune. Antipater établit si bien son crédit, que tantôt Pompée, et tantôt César eurent besoin de lui pour faire subsister leurs troupes. C’était enfin un de ces hommes qui doivent devenir princes ou être pendus. César, en passant d’égypte en Syrie, lui accorda sa protection : il ne haïssait pas de tels caracteres. Antipater eut l’audace de lui demander le gouvernement de Jérusalem et de la Galilée, et l’obtint aisément. Il partagea les deux provinces entre deux de ses fils Phazaël et Hérode : quoiqu’Hérode n’eût encore que quinze ans, il eut la Galilée ; Phazaël eut Jérusalem. Hérode, quelques années après, fut le premier qui éprouva le pouvoir et la mauvaise volonté de ce fameux sanhédrin établi par Pompée. Quelque puissant qu’il fût par lui-même et par son pere, on l’accusa devant ce tribunal. Il vint répondre, mais bien accompagné. On lui imputait des malversations et des meurtres. Il soutint qu’il n’avait fait mourir que des brigands. Il fut traité de brigand lui-même, et condamné à la mort. Il se retira avec ses satellites ; et dans la suite, lorsqu’il fut roi, il fit mourir tous les juges du sanhédrin, excepté un seul nommé Saméas qui l’avait absous. Ce Saméas était le prédécesseur d’Hillel et de Gamaliel maître de st Paul. Pendant que ces petites convulsions agitaient ce coin de terre, l’Asie et l’Europe étaient en armes. César tué dans le capitole par des hommes chargés de ses bienfaits, les horreurs des proscriptions, la funeste concorde d’Octave et d’Antoine, leur discorde encore plus fatale, la guerre où périrent Brutus et