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ce fut pour avoir été curieux à Jérusalem : mais il y en eut aussi d’autres raisons ; et le génie de César y contribua beaucoup. On pourrait encore observer que c’est un plus grand sacrilege d’égorger douze mille hommes dans un temple, que d’entrer dans une sacristie où il n’y avait rien du tout. Au reste, Pompée ayant pris Aristobule, l’envoya captif à Rome. Pour ne pas quitter le fil des actions de Pompée en Judée, n’oublions pas de dire que, même après la défaite de Pharsale, il ordonna à un descendant des Scipions, son lieutenant en Syrie, de faire couper le cou au fils d’Aristobule, qui avait pris le nom d’Alexandre et de roi. Cet événement acheve de faire voir quelle était l’alliance de couronne à couronne que les juifs se vantaient d’avoir avec les romains, et quel fonds on peut faire sur les récits d’un tel peuple. Pour mettre la derniere main à ce tableau, et pour montrer de quel respect l’empire romain était pénétré pour les juifs, il suffira de dire que, quelques années après, le triumvir Marc Antoine condamna dans Antioche un autre roi juif, un autre fils d’Aristobule, nommé Antigone, à mourir du supplice des esclaves ; il le fit fouetter et crucifier, comme nous le verrons. Disons encore que Pompée, avant de quitter la Judée, y établit un gouvernement aristocratique sous l’autorité des romains. Il fut le premier instituteur de ce sanhédrin que les rabbins font remonter jusqu’à Moyse. Gabinius, l’un des grands hommes que Rome ait produits, fut chargé de tout régler. Ainsi ce Pompée, que Rollin appelle sacrilege, fut proprement le législateur des juifs. Ce mot sanhédrin est corrompu du mot grec synédria, qui signifie assemblée. Les juifs hellénistes avaient apporté quelques termes grecs à Jérusalem. Cependant Crassus succéda à Pompée dans le gouvernement de l’Asie ; et il alla faire contre les parthes cette fameuse guerre, qui fut tant blâmée parce qu’elle fut malheureuse. Joseph dit qu’en passant par Jérusalem avec son armée il pilla encore le temple et la ville ; mais il ne dit point de quoi les juifs étaient accusés, et pourquoi on leur fit payer l’amende. Cette amende était forte. Le temple seul paya huit mille talents, et fournit encore un lingot d’or pesant quinze cents marcs, qu’on avait, dit Joseph, caché dans une poutre évidée. Il faut avouer que le temple juif était la poule aux œufs d’or ; plus on lui en prenait, plus elle pondait.