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Et Jared (le septième descendant d’Adam dans la ligne masculine), à l’âge de soixante et cinq ans, devint père de Mathusalem : il marcha avec Dieu ; il vécut trois cents ans après la naissance de Mathusalem ; et les jours d’Énoch[1] furent de trois cent soixante et cinq ans. Il se promena avec Dieu, et il ne parut plus depuis, parce que Dieu l’enleva[2].

Et les hommes ayant commence à multiplier sur la terre, et ayant eu des filles, les fils de Dieu voyant que les filles des hommes étaient belles, prirent pour eux toutes celles qui leur avaient plu[3] ; et Dieu dit : Mon esprit ne demeurera plus avec l’homme, parce qu’il est chair, et sa vie ne sera plus que de six-vingts ans[4].


    de Josué qu’Adam, le plus grand des géants, y est enterré. La plupart, des premiers descendants d’Adam vécurent comme lui plus de neuf siècles. C’était l’opinion des peuples de l’Orient et des Égyptiens que la vie des premiers hommes avait été vingt fois, trente fois plus longue que la nôtre, parce que la nature, étant plus jeune, avait alors plus de force ; mais il n’y a que la révélation qui puisse nous l’apprendre. Au reste, aucune autre nation que la juive ne connut Adam, et les Arabes ne connurent ensuite Adam que par les Juifs. (Note de Voltaire.)

  1. Voilà deux Énoch : le premier, fils de Caïn ; et le second, fils d’Adam par Seth et Jared. (Id.)
  2. Les Pères et les commentateurs affirment qu’en effet Énoch, fils de Jared, est encore envie. Ils disent qu’Énoch et Élie, qui sont transportés hors du monde, reviendront avant le jugement dernier pour prêcher contre l’antechrist pendant douze cent soixante jours ; mais qu’Élie ne prêchera qu’aux Juifs, et qu’Énoch prêchera à tous les autres hommes.

    Plusieurs savants ont prétendu qu’Énoch était l’Anach des Phrygiens, lequel vécut trois cents ans. D’autres ont dit qu’Énoch était le soleil ; d’autres, que c’était Saturne, et qu’Adam signifiait, en Asie, le premier jour de la semaine, et Énoch le septième jour.

    Les Juifs, dans la suite, débitèrent qu’Énoch avait écrit un livre de la chute des anges ; et saint Jude en parle dans son épître. On sait assez que ce livre est supposé ; que la chute des anges est une ancienne fable des Indiens, et qu’elle ne fut connue des Juifs que du temps d’Auguste et de Tibère ; qu’ils supposèrent alors le livre d’Énoch, septième homme après Adam. (Id.)

  3. C’était l’opinion de toute l’antiquité, que les planètes étaient habitées par ces êtres puissants appelés dieux, et que ces dieux venaient faire souvent des enfants aux filles des hommes. Toute la terre fut remplie de ces imaginations. Les fables de Bacchus, de Persée, de Phaéton, d’Hercule, d’Esculape, de Minos, d’Amphitryon, l’attestent assez. Origène, saint Justin, Athénagore, Tertullien, saint Cyprien, saint Ambroise, assurent que les anges, amoureux de nos filles, enfantèrent non des géants, mais des démons. (Id.)
  4. Cependant il est dit que Noé vécut neuf cents ans ; mais il faut l’excepter de la sentence portée contre le genre humain, parce qu’il était un homme juste. Il faut encore avouer que plusieurs autres vécurent longtemps après jusqu’à quatre et cinq cents ans ; et que depuis le temps de la tour de Babel jusqu’à celui d’Abraham, la vie commune était de quatre à cinq cents années. Il n’est pas aisé de concilier toutes ces choses, mais il faut lire l’Écriture avec un esprit de soumission. (Id.)