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dant trois ans ; et la neuvieme année d’Ozée Salmanazar prit Samarie, et transporta tous les israélites au pays des assyriens dans Ola, dans Habor, dans les villes des medes, vers le fleuve

    apprit des nouvelles de l’isle de Ceylan ; et on l’a condamné très mal à propos d’avoir dit que l’isle de Ceylan, qui est sous la ligne, est sujette à d’extrêmes chaleurs. Enfin, son livre est plein de vérités et de chimeres, de choses très sages et très impertinentes ; et en tout, c’est un ouvrage fort utile pour quiconque sait séparer le bon grain de l’ivraie. Benjamin ne parle point des parsis, qui sont aussi dispersés que la nation judaïque, et en aussi grand nombre ; il n’est occupé que de ses compatriotes. Le résultat de toutes ces recherches est, que les juifs sont par tout, et qu’ils n’ont de domination nulle part ; ainsi que les parsis sont répandus dans les Indes, dans la Perse, et dans une partie de la Tartarie. Si les calculs chimériques du jésuite Pétau, de Whiston et de tant d’autres, avaient la moindre vraisemblance, la multitude des juifs et des parsis couvrirait aujourd’hui toute la terre. Revenons maintenant à l’état où étaient les deux hordes, les deux factions hébraïques de Samarie et de Jérusalem. Achas régnait sur les deux tribus de Juda et de Benjamin : cet Achas, à l’âge de dix ans, selon le texte, engendra le roi ézéchias ; c’est de bonne heure. Il fit depuis passer un de ses enfants par le feu, sans que le texte nous apprenne s’il brûla réellement son fils en l’honneur de la divinité, ou s’il le fit simplement passer entre deux buchers selon l’ancienne coutume, qui dura chez tant de nations superstitieuses jusqu’à Savonarole dans notre seizieme siecle. Les paralipomenes disent, qu’un certain roitelet d’Israël, nommé Phacée, lui tua un jour cent vingt mille hommes dans un combat, et lui fit deux cents mille prisonniers : c’est beaucoup ! Cet Achas était alors, lui et son peuple, dans une étrange détresse : non seulement il était vexé par les samaritains, mais il l’était encore par le roi de Syrie nommé Rasin, et par les iduméens. Ce fut dans ces circonstances que le prophete Isaïe vint le consoler, comme il le dit lui-même aux chapitres sept et huit de sa grande prophétie, en ces termes. " le seigneur continuant de parler à Achas, lui dit : demande un signe, soit dans le bas de la terre, soit dans les hauts au dessus. Et Achas dit : je ne demanderai point de signe ; je ne tenterai point Adonaï. Eh bien, dit Isaïe, Adonaï te donnera lui-même un signe ; une femme concevra ; elle enfantera un fils, et son nom sera Emmanuël ; et avant qu’il mange de la crême et du miel, et qu’il sache connaître le bien et le mal, ce pays que tu détestes sera délivré de ces deux rois (Rasin et Phacée) ; et dans ces jours Adonaï sifflera aux mouches qui sont au haut des fleuves d’égypte et du pays d’Assur ; Adonaï rasera avec un rasoir de louage la tête, et le poil d’entre les jambes, et toute la barbe du roi d’Assur, et de tous ceux qui sont dans son pays… et Adonaï me dit : écris sur un grand rouleau avec un stilet d’homme, Mahershaal asbas, qu’on prenne vite les dépouilles . " c’est dans ce discours d’Isaïe, que des commentateurs, appellés figuristes, ont vu clairement l’avenue de Jesus-Christ, qui pourtant ne s’appella jamais ni Emmanuel, ni Mahershaal asbas, prends vite les dépouilles . Poursuivons nos recherches sur la destruction des dix tribus. *Livre II, chap. xxxviii, v. 6 et 8. **Le mot hébreu alma signifie tantôt fille, tantôt femme, quelquefois même prostituée. Ruth étant veuve, est appelée alma. Dans le cantique des cantiques et dans Joel, le nom d’alma est donné à des concubines. (Sous-note de Voltaire.)