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La vingt-troisieme année de Joas fils d’Ochozias roi de Juda, la fureur du seigneur s’alluma contre Israël ; et il les livra entre les mains d’Hazaël roi de Syrie… et élisée étant tombé malade, un autre Joas roi d’Israël vint le voir. élisée dit au roi Joas : apporte-moi des fleches. Puis il dit : ouvre la fenêtre à l’orient ; jette une fleche par la fenêtre ;… frappe la terre avec tes fleches… le roi Joas ne frappa la terre que trois fois. L’homme de Dieu se mit en colere contre le roi Joas, et lui dit : si tu avais frappé la terre cinq fois, six fois, ou sept fois, tu aurais exterminé la Syrie ; mais puisque tu n’as frappé la terre que trois fois, tu ne battras les syriens que trois fois… puis élisée mourut ; et il fut enterré[1]. Or il arriva que des gens qui portaient un corps mort en terre apperçurent des voleurs ; et en s’enfuyant ils jetterent le corps mort dans le sépulcre d’élisée… dès que le corps mort toucha le corps d’élisée, il ressuscita sur le champ et se dressa sur ses pieds…[2]. Pendant le regne de Phacée roi d’Israël, Teglatphalassar roi des assyriens vint en Israël, il prit toute la Galilée et le pays de Nephtali, et en transporta tous les habitants en Assyrie…[3].

  1. les critiques cherchent en vain à comprendre pourquoi le melch de Samarie Joas auroit exterminé les syriens s’il avoit jetté sept fleches par la fenêtre. élisée savait donc non seulement ce qui devait arriver, mais encore ce qui devait ne pas arriver, et le futur absolu, et le futur contingent. Songeons que la prophétie est une chose si surnaturelle, que nous ne devons jamais l’examiner selon les regles de la sagesse humaine.
  2. les critiques ne se lassent point de faire des objections. Ils demandent pourquoi le seigneur ne ressuscita pas élisée lui-même, au lieu de ressusciter un inconnu que des voleurs avaient jetté dans sa fosse ? Ils demandent ce que devint cet homme qui se dressa sur ses pieds ! Ils demandent si c’était une vertu secrette, attachée aux os d’élisée, de ressusciter tous les morts qui les toucheraient ? à tout cela que pouvons-nous répondre ? Que nous n’en savons rien.
  3. enfin voici le dénouement de la plus grande partie de l’histoire hébraïque. C’est ici que commence la destruction des dix tribus entieres, et bientôt la captivité des deux autres : c’est à quoi se terminent tant de miracles faits en leur faveur. Les sages chrétiens voient avec douleur le désastre de leurs peres, qui leur ont frayé le chemin du salut. Les critiques voient avec une secrete joie l’anéantissement de presque tout un peuple, qu’ils regardent comme un vil ramas de superstitieux enclins à l’idolâtrie, débauchés, brigands, sanguinaires, imbécilles et impitoyables. On dirait, à entendre ces critiques, qu’ils sont au nombre des vainqueurs de Samarie et de Jérusalem. Cette révolution nous offre un tableau nouveau, et de nouveaux personnages. Quels étaient ces peuples et ces rois d’Assyrie, qui vinrent de si loin fondre sur le petit peuple qui avait habité près de la Célésyrie, de Dan jusqu’à Bersabé, dans un terrein d’environ cinquante lieues de long sur quinze de large, et qui espéra dominer sur l’Euphrate, sur la Méditerranée et sur la mer Rouge ?