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Hazaël lui dit : comment veux-tu que je fasse de si grandes choses, moi qui ne suis qu’un chien ? élisée répondit : c’est qu’Adonaï m’a révélé que tu seras roi de Syrie… le lendemain Hazaël, ayant quitté élisée, vint retrouver Benadad son maître qui lui dit : eh bien, que t’a dit élisée ? Il répondit : ô roi ! Il m’a dit que tu guériras. Alors il prit une peau de chevre mouillée, la mit sur le visage du roi, et l’étouffa. Le roi mourut, et Hazaël régna à sa place[1]. En ce temps-là le prophete élisée appella un des enfans des prophetes, et lui dit : prends une petite bouteille d’huile, et va-t’en à Ramoth de Galaad ; quand tu seras là, tu verras Jéhu fils de Josaphat, fils de Namsi, et tu lui répandras en secret ta bouteille sur la tête, en lui disant : voici comme parle Adonaï, je t’oins roi d’Israël. Aussitôt tu ouvriras la porte et tu t’enfuiras… le jeune prophete alla donc en Ramoth de Galaad… et versa sa bouteille d’huile sur la tête de Jéhu, lui disant : je t’ai oint roi sur le peuple d’Israël de la part du sei-

  1. nous voilà retombés dans cet épouvantable labyrinthe d’assassinats multipliés que nous voulions éviter. Les rois de Syrie disputent de crimes avec les roitelets de Juda et d’Israël. Le seigneur avait ordonné à élisée d’oindre Hazaël christ et roi de Syrie ; il n’en fait rien ; mais Hazaël n’en est pas moins roi pour avoir étouffé son souverain avec une peau de chevre. élisée avait aussi un ordre exprès d’Adonaï d’aller oindre Jéhu roi christ d’Israël : il envoie à sa place un petit prophete ; et dès que Jéhu est oint, il devient plus méchant que tous les autres : il assassine son roi Joram ; il assassine le roi de Juda Ochosias, qui était venu faire une visite à son ami Joram ; " il assassine sa reine Jézabel, qui ne valait pas mieux que lui, et la donne à manger aux chiens ; il assassine soixante et dix fils du roi Achab mari de Jésabel, et on met leurs têtes dans des corbeilles ; il assassine quarante-deux freres d’Ochosias roitelet de Jérusalem. Athalie grand-mere du petit Joas assassine tous ses petits-fils dans Jérusalem, à ce que dit l’histoire, à la réserve du petit Joas, qui échappe : elle avait près de cent ans, selon la computation judaïque, et n’avait d’ailleurs aucun intérêt à les égorger ; elle ne commet tous ces prétendus assassinats que pour le plaisir de les commettre, et pour donner un prétexte au grand-prêtre Joiada de l’assassiner elle-même. Enfin c’est une scene de meurtres et de carnage, dont on ne pourrait trouver d’exemple que dans l’histoire des fouines, si quelque coq de basse-cour avait fait leur histoire. " ce sont les propres paroles du curé Mêlier ; nous ne pouvons les réfuter qu’en avouant cette multitude effroyable de crimes, et qu’en redisant ce que mes deux prédécesseurs et moi avons toujours dit, que le seigneur n’abandonna son peuple aux mains des ennemis, que pour le punir de cette persévérance dans la cruauté, depuis l’assassinat du roitelet de Sichem et de tous les sichémites jusqu’à l’assassinat du grand-prêtre Zacharie, fils du grand-prêtre Joiada, par le roi Joas petit-fils de la reine Athalie : ce qui fait une période d’assassinats d’environ neuf cents années presque sans interruption ; et les mœurs de ce peuple, depuis le rétablissement de Jérusalem jusqu’à Adrien, ne sont pas moins barbares.