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à ses amis : prenez garde ; quand cet homme viendra pour me couper le cou, fermez bien la porte… comme il disait cela, le bourreau arriva et lui dit : voilà un grand mal ; que pourrons nous attendre du seigneur ? élisée lui répondit : écoute la parole du seigneur ; car voici ce que dit le seigneur. Demain à cette même heure le sac de farine se vendra trente-deux sous, et deux sacs d’orge se donneront pour trente-deux sous. Or pendant ce temps-là le seigneur fit entendre un grand bruit de chariots, de chevaux, et d’une grande armée dans le camp des syriens ; et tous les syriens s’enfuirent pendant la nuit, abandonnant leurs tentes, leurs chevaux, leurs ânes, et ne songeant qu’à sauver leur vie… tout le peuple aussitôt sortit[1] de Samarie et pilla le camp des syriens : et le sac de farine fut vendu trente-deux sous, et deux sacs d’orge trente-deux sous, selon la parole d’Adonaï… or élisée parla à la femme dont il avait ressuscité l’enfant, et lui dit : va t’en toi et ta famille où tu pourras ; car Adonaï a appellé la famine ; elle sera sur la terre pendant sept ans… pour élisée, il s’en alla à Damas. Benadad roi de Syrie était alors malade ; ses gens vinrent en hâte lui dire : voici l’homme de Dieu. Surquoi le roi dit à Hazaël : qu’on aille vite au-devant de l’homme de Dieu avec des présents ; qu’on le consulte si je pourrai relever de ma maladie… Hazaël alla donc vers élisée avec quarante chameaux chargés de présents ; et quand il fut devant élisée, il lui dit : ton fils le roi de Syrie m’a envoyé à toi avec ces présents, disant : pourrai-je guérir de ma maladie ? élisée lui dit : va t’en, dis-lui qu’il guérira ; cependant le seigneur m’a dit qu’il mourra. Et l’homme de Dieu disant cela se mit à pleurer[2]. Hazaël lui dit : pourquoi monseigneur pleure-t-il ? élisée dit : c’est que je sais que tu feras grand mal aux fils d’Israël ; tu brûleras leurs villes, tu tueras avec le glaive les jeunes gens, tu fendras le ventre aux femmes grosses…

  1. dieu merci, si élisée a envoyé la famine, il envoie aussi l’abondance ; et un grand sac de farine ne coutera que trente deux sous. On est seulement un peu surpris que le roi de Syrie s’enfuie tout d’un coup sans raison ; mais c’est encore un miracle d’élisée.
  2. la conduite d’élisée ne paraît pas cette fois si édifiante. Il dit au capitaine Hazaël : capitaine, va dire au roi qu’il guérira ; mais je sais qu’il mourra. Il est difficile d’excuser le prophete sans une direction d’intention. La solution de cette difficulté est peut-être, que le prophete ne veut pas effrayer le roi, mais il veut que la parole du seigneur s’accomplisse.