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Tous les prophetes prophétisaient de même, et disaient aux deux rois : montez contre Ramoth en Galaad ; et le seigneur vous la livrera… mais Michée, étant interrogé, dit : j’ai vu le seigneur assis sur son trône, et toute l’armée du ciel rangée à sa droite et à sa gauche ; et le seigneur a dit : qui de vous ira tromper Achab roi d’Israël, afin qu’il marche contre Ramoth en Galaad et qu’il y périsse : et un ange autour du trône disait une chose, et un autre ange en disait une autre… alors un méchant ange s’est avancé, et se présentant devant le seigneur, il lui a dit ; c’est moi qui tromperai Achab. Et Adonaï lui a dit : comment t’y prendras-tu ? Et l’ange malin a répondu : je serai un esprit menteur dans la bouche des prophetes ; Adonaï lui a réparti : oui, tu le tromperas, et tu prévaudras ; va-t’en, et fais cela ainsi. Le reste des discours d’Achab, et de tout ce qu’il fit, et la maison d’ivoire qu’il construisit, et toutes les villes qu’il bâtit, tout cela n’est-il pas écrit dans le livre des discours et des jours des rois d’Israël ?

LIVRE IV.

Or il arriva qu’Ochozias roi d’Israël, étant tombé par les barreaux d’une salle à manger en Samarie, en fut très-mal. Et il dit à ses domestiques ; allez consulter Belzébub ou Belzébuth, le dieu d’Acaron, pour savoir si je pourrai en réchapper… en même temps un ange du seigneur parla à élie le thesbite, et lui dit : va-t’en aux gens du roi de Samarie, et dis-leur :

    et les tragédies grecques portent sur ce fondement. D’ailleurs l’exemple de la mort d’Achab rentre dans les exemples ordinaires d’une justice divine, qui venge le sang innocent. Achab était très-coupable, et méritait que Dieu le punît. Il avait pris, dans la ville de Samarie, la vigne de Naboth sans la payer ; et il avait fait condamner injustement Naboth à la mort. Il n’est donc ni étonnant ni absurde que Dieu le punisse, de quelque maniere qu’il s’y prenne. à l’égard du luxe d’Achab et de sa maison d’ivoire, ou ornée d’ivoire, cela prouve que les caravanes arabes apportaient depuis long-temps des marchandises des Indes et de l’Afrique. Quelques ornemens d’ivoire aux chaises curules furent long-temps la seule magnificence que les romains connurent. Quoique les commentateurs reprochent aux écrivains hébreux des hyperboles et de l’exagération, cependant il faut bien que les chefs de la nation hébraïque eussent quelque sorte de décoration.