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Or élie, ayant rencontré élisée qui labourait avec vingt-quatre bœufs, il mit son manteau sur lui… Benadad, roi de Syrie, ayant assemblé toute son armée, et sa cavalerie, et ses chars de guerre, et trente-deux rois avec lui, marcha contre Samarie et l’assiégea. Le roi d’Israël assembla ses prophetes au nombre de quatre cents, et leur dit : dois-je aller à la guerre en Ramoth de Galaad ? Et ils lui répondirent : marche à la guerre dans la ville de Galaad ; et le seigneur la mettra dans ta main. Le roi Josaphat, roi de Juda (l’ami et l’allié du roi d’Israël Achab) dit aussi : n’y a-t-il point quelqu’autre prophête pour prophétiser ? Achab répondit au roi Josaphat : il y en a encore un par qui nous pourrions interroger Adonaï ; mais je hais cet homme-là, parce qu’il ne prophétise jamais rien de bon ; c’est Michée, fils de Jembla[1]

    élisée est le premier prophete pour lequel l’écriture ait jamais employé ce mot d’oint ; de christ. Mylord Bolingbroke dit, que pour faire deux rois et un prophete, il ne faut qu’un demi-septier d’huile. Cependant nous ne voyons pas qu’élisée ait été jamais oint. Nous voyons encore moins qu’élisée ait égorgé ceux qui échapperent à l’épée de Jéhu. On nous a épargné les meurtres dont élisée devait décorer son ministere. C’est bien assez des huit cents cinquante prophetes tués de la propre main d’élie.

  1. mes prédécesseurs, dans le travail épineux et désagréable de ce commentaire, se sont appliqués à citer et à réfuter Mylord Herbert, Wolston, Tindal, Toland, l’abbé de Tilladet, l’abbé de Longuerue, le curé Mêlier, Boulanger, Fréret, Du Marsais, le comte de Boulainvilliers, Mylord Bolingbroke, Huet, et tant d’autres. Nous nous en tiendrons ici à Mylord Bolingbroke ; et nous croirons, en le réfutant, avoir réfuté tous les critiques. Voici donc comme il s’exprima dans son livre aussi profond que hardi, donné au public par l’écossais M Mallet, son secrétaire et son disciple. " je suis bien-aise de voir un roi qui se dit catholique, comme Josaphat, et un roi hérétique comme Achab, réunis contre l’ennemi commun, contre un infidele tel que le roi de Syrie, souillé du crime d’adorer Dieu sous le nom d’Adad et de Remnon, au lieu de l’adorer sous le nom d’Adonaï et de Sabaoth. Mais je suis fâché de voir le roi d’Israël assez imbécille pour appeller à son conseil de guerre quatre cents gueux de la lie du peuple, qui se disaient prophetes. Je ne sais même où il put trouver ces quatre cents énergumenes, après qu’élie avait eu la condescendance d’en tuer huit cents cinquante de sa main, savoir, quatre cents cinquante prophetes commensaux de la reine Jésabel, et quatre cents prophetes des bocages. " quoique je sache bien que les rois d’Israël et de Juda n’étaient pas riches, et que la ville de Samarie était alors fort peu de chose, cependant je n’aime point à voir deux rois vêtus à la royale, assis chacun sur un trône dans une aire où l’on bat du bled. Ce n’est pas-là un lieu propre à tenir conseil. " le prophete Sédékias, fils de Chaahana, pouvait prédire aux deux rois des