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gneur. Il leva dans Juda une armée de trois-cents mille hommes portants boucliers et piques ; et dans Benjamin deux-cents quatre-vingts mille hommes portants boucliers et carquois… et Zara, roi d’éthiopie, vint l’attaquer avec un million de combattants et trois-cents chariots de guerre… et les éthiopiens furent entiérement défaits, car c’était le seigneur qui les frappait. Or Amari acheta la montagne de Samarie d’un hébreu, nommé Somer, pour deux talents d’argent ; et il bâtit la ville de Samarie du nom de ce Somer, à qui la montagne avait appartenu. Et Hiel, natif de Béthel, rebâtit la ville de Jérico[1]. En ce temps-là élie le thesbite, habitant de Galaad[2], dit à Achab roi d’Israël : vive dieu ! Il ne tombera pas pendant sept ans une goutte de rosée et de pluie, si Dieu ne l’ordonne par ma bouche… le seigneur Adonaï s’adressa ensuite à élie, et lui dit : retire-toi d’ici ; va-t’en vers l’orient ; cache-toi dans le torrent de Carith ; j’ai ordonné aux corbeaux de ce pays-là de te nourrir… élie fit comme le verbe d’Adonaï lui avait dit ; il se mit dans le torrent de Carith, qui est contre le Jourdain. Les corbeaux lui apportaient le matin du pain et de la viande, et le soir encore du pain et de la viande, et il buvait de l’eau du torrent. Quelques jours après, le torrent se sécha ; car il ne pleuvait point sur la terre. Le verbe d’Adonaï se fit donc encore entendre à lui, en disant : leve-toi ; va-t’en à Sarepta, village des sidoniens,

  1. ces grands rois d’Israël ne possédaient pas une ville passable avant qu’on eût bâti Samarie, Jérico et Sichem. Jérico fut une place importante contre les irruptions des arabes et des syriens ; ainsi Josué n’avoit pas agi en politique, lorsqu’il la détruisit entiérement ; et l’anathême prononcé contre elle ne subsista pas.
  2. c’est ici où l’on parle pour la premiere fois d’élie le thesbite, cet homme unique, qui n’avait pas de pain à manger sur la terre, et qui monta au ciel dans un char de feu, traîné par quatre chevaux de feu. On ne connaît gueres plus le bourg de Thésbes sa patrie, que sa personne ; et le voilà qui annonce tout d’un coup qu’il ne pleuvra que par son ordre. Remarquons d’abord que Dieu ne l’emploie que chez les israélites hérétiques, comme nous l’avons déjà insinué. Adonaï lui ordonne de s’asseoir, non pas au bord du torrent, mais dans le torrent même ; et c’est là que les corbeaux viennent le nourrir de la part de Dieu. Cette idée, de nourrir les saints par des corbeaux, fut imitée depuis dans l’histoire des peres du désert. Un corbeau nourrit, pendant soixante ans, l’hermite Paul dans une caverne de la Thébaïde, et lui apportait chaque jour la moitié d’un pain dans son bec. Paul n’avait que cent treize ans, lorsque l’hermite Antoine, âgé de quatre-vingt-dix, vint lui faire une visite. Alors le corbeau apporta un pain entier pour le déjeûner des deux saints comme st Jérémie l’atteste.