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… le roi David dit : faites moi venir le prophete Sadok, le prophete Nathan, et le capitaine Banaia, prenez avec vous mes officiers ; mettez mon fils Salomon sur ma mule ; chantez avec la trompette ; et vous direz, vive le roi Salomon… les convives d’Adonias se leverent de table ; et chacun s’en alla de son côté ; et Adonias alla se réfugier à la corne de l’autel… or la mort de David approchant, il recommanda à Salomon, en lui disant : tu sais ce qu’a fait autrefois Joab, qui mit du sang autour de ses reins, et dans les souliers qu’il avait aux pieds. Tu ne permettras pas que ses cheveux blancs descendent en paix au tombeau, je compte sur ta sagesse ;… j’ai juré à Séméi que je ne le ferais point périr par le glaive ; mais tu es sage, tu sauras ce qu’il faut faire, ne permets pas que ses cheveux blancs descendent dans la fosse autrement que par une mort sanglante[1]. Et David s’endormit avec ses peres.


AVIS DE L'EDITEUR.

Le commentateur qui avait entrepris de continuer cet ouvrage s'est arrêté ici, ayant été appelé à la cour d'un grand prince pour être son aumônier. Un troisième commentateur s'est présenté, et a continué avec la même érudition et la même impar-

    roi ; son droit était reconnu par les deux principales têtes du royaume, un grand-prêtre et un général d’armée. C’est une chose étonnante qu’il y ait deux grands-prêtres à la fois. La loi en cela était violée ; et deux grands-prêtres, opposés l’un à l’autre, devaient nécessairement exciter des troubles. M Huet excuse un peu David, qui était affaibli par l’âge ; mais il ne pardonne ni à Salomon, ni à Bethsabé, encore moins au prophete Nathan, auquel il donne les épithetes les plus injurieuses. Nous ne pouvons nous empêcher de voir qu’il y avait en effet une grande cabale pour Salomon contre Adonias, mais enfin le doigt de Dieu est par-tout : il se sert des moyens humains comme des plus divins.

  1. M Huet dit sans détours, que David meurt comme il a vécu. Il a l’horrible ingratitude d’ordonner qu’on tue son général d’armée auquel il devait sa couronne. Il se parjure avec Séméi, après lui avoir fait serment de ne jamais attenter à sa vie. Enfin, il est assassin et perfide jusques sur les bords du tombeau. Le révérend pere Don Calmet justifie David par ces paroles remarquables. " David avait reçu de grands services de Joab ; et l’impunité, qu’il lui avait accordée pendant si long-temps, était une espece de récompense de ses longs travaux : mais cette considération ne dispensait pas David de l’obligation de punir le crime et d’exercer la justice contre Joab. Enfin les raisons de reconnaissance ne subsistaient pas à l’égard de Salomon ; et ce prince avait un motif particulier de faire mourir Joab, qui est, qu’il avait conspiré de donner le royaume à Adonias, à son exclusion. "