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Or il n’y avait point d’homme dans tout Israël plus beau qu’Absalon ; il n’avait pas le moindre défaut depuis les pieds jusqu’à la tête ; et lorsqu’il tondoit ses cheveux, qu’il ne tondoit qu’une fois l’an parce que le poids de ses cheveux l’embarrassait, le poids de ses cheveux était de deux cents sicles… Absalon demeura deux ans à Jérusalem sans voir la face du roi… ensuite il fit dire à Joab de venir le trouver, pour le prier de le remettre entiérement dans les bonnes graces du roi son pere. Mais Joab ne voulut pas venir chez Absalon… et étant mandé une seconde fois, il refusa encore de venir… Absalon dit alors à ses gens : vous savez que Joab a un champ d’orge auprès de mon champ ; allez et mettez-y le feu… et les gens d’Absalon brûlerent la moisson de Joab… Joab alla trouver Absalon dans sa maison, et lui dit : pourquoi tes valets ont-ils mis le feu à mon orge ? Absalon répondit à Joab : je t’ai fait prier de me venir voir, afin de me raccommoder avec le roi ; je t’en prie, fais-moi voir la face du roi ; et s’il se souvient encore de mon iniquité, qu’il me tue[1]. Joab alla donc parler au roi, qui appella Absalon, et Absalon s’étant prosterné, le roi le baisa… ensuite Absalon se fit faire des chariots, il assembla des cavaliers, et cinquante hommes qui marchaient devant lui… et il fit une grande conjuration ; et le peuple s’attroupa auprès d’Absalon… et, quarante ans après, Absalon dit à David : il faut que j’aille à Hébron pour accomplir un vœu que j’ai voué au seigneur

    jument ; et qu’ils sont engendrés d’un mulet et d’une mule . Il cite Aristote ; mais il vaudrait mieux sur cette affaire consulter un bon muletier . Nous avons vu plusieurs voyageurs, qui assûrent qu’Aristote s’est trompé et qu’il a trompé Calmet. Il n’y a point de naturaliste, aujourd’hui, qui croie aux prétendues races de mulets. Un bourriquet fait un beau mulet à une cavale ; la nature s’arrête là ; et le mulet n’a pas le pouvoir d’engendrer. Pourquoi donc la nature lui a-t-elle donné l’instrument de la génération ? On dit qu’elle ne fait rien en vain ; cependant l’instrument d’un mulet devient la chose du monde la plus vaine : il en est des parties du mulet comme des mamelles des hommes ; ces mamelles sont très inutiles, et ne servent qu’à figurer.

  1. M Huet dit, que cette conduite d’Absalon avec Joab est moins horrible que tout le reste ; mais qu’elle est excessivement ridicule ; que jamais on ne s’est avisé de brûler les orges d’un général d’armée, d’un secrétaire d’état, pour avoir une conversation avec lui ; que ce n’est pas là le moyen d’avoir des audiences. Il va jusqu’à la raillerie : il dit que le capitaine Joab ne fit pas ses orges avec Absalon. Cette plaisanterie est froide ; il ne faut point tourner la sainte écriture en raillerie.