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Le troisième est le Tigre, qui va contre les Assyriens.

Le quatrième est l’Euphrate.

Le Seigneur Dieu prit donc l’homme, et le mit dans le jardin pour travailler et le garder.

Et il lui ordonna, disant : Mange de tout bois du paradis ; mais ne mange point du bois de la science du bon et du mauvaise[1].

Car le même jour que tu en auras mangé, tu mourras de mort très-certainement[2].

Et le Seigneur Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Faisons-lui une aide qui soit semblable à lui.

Donc le Seigneur Dieu ayant formé de terre tous les animaux, et tous les volatiles du ciel, il les amena à Adam pour voir comment il les nommerait.

Car le nom qu’Adam donna à chaque animal est son vrai nom.[3]


    royaume d’Assyrie ; mais l’établissement de ce royaume est un autre chaos. Remarquons seulement ici que le fameux rabbin Benjamin de Tudèle, qui voyagea dans le xiie siècle en Afrique et en Asie, donne le nom de Phison au grand fleuve d’Éthiopie ; nous parlerons de ce Benjamin quand nous en serons à la dispersion des dix tribus. (Note de Voltaire.)

  1. L’empereur Julien, notre ennemi, dans son trop éloquent discours réfuté par saint Cyrille, dit que le Seigneur Dieu devait au contraire ordonner à l’homme, sa créature, de manger beaucoup de cet arbre de la science du bien et du mal* ; que non-seulement Dieu lui avait donné une tête pensante qu’il fallait nécessairement instruire, mais qu’il était encore plus indispensable de lui faire connaître le bien et le mal, pour qu’il remplît ses devoirs ; que la défense était tyrannique et absurde, que c’était cent fois pis que si on lui avait fait un estomac pour l’empêcher de manger. Cet empereur abuse des apparences, qui sont ici en sa faveur, pour accabler notre religion de mépris et d’horreur ; mais notre sainte religion n’étant pas la juive, elle s’est soutenue par les miracles contre les raisons de la philosophie : d’ailleurs la mythologie était aussi absurde que la Genèse le parut à l’empereur Julien, et sa religion n’avait pas comme la nôtre une suite continue de miracles et de prophéties qui ont soutenu mutuellement ce divin édifice. (Id.)

    *Voyes tome XXVIII, page 18

  2. Ce n’était sans doute qu’une peine comminatoire, puisque Adam et Eve mangèrent de ce fruit, et vécurent encore neuf cent trente années. Saint Augustin, dans son premier livre des Mérites des pécheurs, dit qu’Adam serait mort dès ce jour-là s’il n’avait pas fait pénitence.

    Le premier Zoroastre avait aussi placé un homme et sa femme dans le paradis terrestre. Le premier homme était Micha, et la première femme Mishana. Chez Sanchoniathon ce sont d’autres noms. Chez les brachmanes, c’est Adimo et Procriti. Chez les Grecs, c’est Prométhée et Pandore ; mais des sectes entières de philosophes ne reconnurent pas plus un premier homme qu’un premier arbre. Chaque nation fit son système, et toutes avaient besoin de la révélation de Dieu même pour connaître ces choses sur lesquelles on dispute encore, et qu’il n’est pas donné à l’homme de connaître. (Id.)

  3. Cela suppose qu’il y avait déjà un langage très-abondant, et qu’Adam, con-