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... et ayant trouvé une machoire d’âne qui était à terre, il tua mille hommes avec cette machoire.[1]... et le seigneur ouvrit une des dents molaires de la machoire d’âne, et il en sortit une fontaine. Et Samson ayant bu reprit ses forces... et Samson jugea vingt ans le peuple d’Israël[2]... il alla à Gaza, y vit une prostituée, et entra dans elle... il prit les deux portes de la ville de Gaza, et les porta en la montagne d’Hébron[3]... ... en ce temps-là il y eut un homme du mont éphraïm nommé Michas, qui dit à sa mere : les onze cents pieces d’argent que vous aviez serrées, et qu’on vous avait prises, je les ai, elles sont entre mes mains. Sa mere lui répondit : que mon fils soit beni au seigneur. Michas rendit donc ces pieces d’argent à sa mere, qui lui dit : j’ai voué cet argent au seigneur, afin que mon fils le reçoive de ma main, et qu’il en

    imbécilles. Calmet a beau dire que la populace de Rome fesait courir un renard avec un flambeau allumé sur le dos. Bochart a beau dire que cet amusement de la canaille était une imitation de l’avanture des renards de Samson. Mêlier n’en démord point ; il soutient qu’il est impossible de trouver à point nommé trois cents renards et de les attacher ensemble par la queue ; qu’il faudrait un temps trop considérable pour trouver ces trois cents renards, et qu’il n’y a point de renardier qui pût attacher ainsi trois cents renards. Si on trouvait, dit-il, un pareil conte dans un auteur profane, quel mépris n’aurait-on pas pour lui ?

  1. la machoire d’âne avec laquelle Samson tue mille philistins ses maitres, est ce qui enhardit le plus Mêlier dans ses sarcasmes aussi insolents qu’impies. Il va jusqu’à dire (nous le répétons avec horreur) qu’il n’y a de machoire d’âne dans cette fable que celle de l’auteur qui l’inventa. Nous répondrons à la fois à toutes les criminelles injures de ce mauvais prêtre à la fin de cet article de Samson.
  2. cet indigne curé se moque de la fontaine que Dieu fait sortir d’une dent molaire, comme de tout le reste. Il dit qu’un mauvais roman, dépourvu de raison, n’en est pas plus respectable pour avoir été écrit par un juif inconnu ; que la légende dorée et le pédagogue chrétien n’ont aucun miracle qui approche de cette foule d’absurdités.
  3. les portes de Gaza emportées par Samson sur ses épaules achevent d’aigrir la bile de cet homme. Et sur ce que le lieu d’Hébron est à douze lieues de la ville de Gaza, il nie qu’un homme puisse pendant la nuit y porter les portes d’une ville depuis minuit, temps auquel Samson s’éveilla, jusqu’au matin, fut-ce pendant l’hiver. Nous répondons qu’il n’est point dit qu’il les porta en une seule nuit ; que s’il aima une courtisane, c’est de cela même que Dieu le punit. Nous n’avons pas parlé de la critique que fait Mêlier, de Samson reconnu pour juge des hébreux tandis qu’ils étaient esclaves. Cette critique porte trop à faux. Les philistins pouvaient très bien permettre aux juifs de se gouverner selon leurs loix, quoique dans l’esclavage. C’est une chose dont on a des exemples. Pour les prodiges étonnants opérés par Samson, ce sont des miracles qui montrent que Dieu ne veut pas abandonner son peuple. Nous avons dit vingt fois, que ce qui n’arrive pas aujourd’hui arrivait fréquemment dans ces temps-là. Nous croyons cette réponse suffisante.