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femme… on vous prendra votre âne, et on ne vous le rendra point… le seigneur vous frappera d’un ulcere malin dans les genoux et dans le gras des jambes… le seigneur vous emmenera vous et votre roi dans un pays que vous ignoriez, et vous y servirez des dieux étrangers… l’étranger vous prêtera à usure, et vous ne lui prêterez point à usure… le seigneur fera venir d’un pays reculé, et des extrémités de la terre, un peuple dont vous n’entendrez point le langage, afin qu’il mange les petits de vos bestiaux, et qu’il ne vous laisse ni bled, ni vin, ni huile… vous mangerez vos propres enfans, et l’homme le plus luxurieux refusera à son frere et à sa femme la chair de ses propres fils, qu’il mangera pendant le siege de votre ville, parce qu’il n’aura rien autre chose à manger, etc. [1].


JOSUE


Et après la mort de Mosé serviteur de Dieu, il arriva que Dieu parla à Josué fils de Nun, et lui dit : mon serviteur Mosé est mort ; leve-toi, passe le Jourdain, toi et tout le peuple avec toi… tous les lieux où tu mettras les pieds, je te les donnerai, comme je l’ai promis à Mosé, depuis le désert et le Liban, jusqu’au grand fleuve de l’Euphrate ; nul ne pourra te résister tant que tu vivras [2]

  1. les critiques continuent à trouver, dans ces malédictions du seigneur, de nouvelles preuves que jamais les juifs ne connurent que des peines temporelles. La plus forte est celle d’être réduits à manger leurs enfans ; et c’est ce que leur histoire assûre leur être arrivé pendant le siege de Samarie. Or le grand-prêtre Helkia ne trouva le pentateuque qu’environ quatre-vingts ans après ce siege. C’est ce qui acheve de persuader ces critiques, qu’un lévite composa sur-tout le deutéronome, et qu’il lui fut aisé de prédire les horreurs du siege de Samarie après l’événement.
  2. le seigneur promet plusieurs fois avec serment de donner le fleuve de l’Euphrate au peuple juif ; cependant il n’eut jamais que le fleuve du Jourdain. S’il avait possédé toutes les terres depuis la Méditerranée jusqu’à l’Euphrate, il aurait été le maître d’un empire plus grand que celui d’Assyrie. C’est ce que n’a pas compris Warburton, quand il dit que les juifs ne devaient haïr que les peuples