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ACTE I, SCÈM- : 11. 87

ADÉLAÏDE.

Laisse là ses l)i(Mifails, et parle de Nemours. N’en as-lii rien a|)i)rls ? Sait-on s’il vit encore ?

TAÏSE,

\oilà donc en eilet le soin qui vous dévore, Madame ?

ADI- LAÏDi ; .

Il est trop vrai : je l’avoue, el mon cœur Ne i)enl plus soutenir le poids de sa douleur. Elle échappe, elle éclate, elle se juslitie ; Et si Nemours n’est i)lus, sa nuu’t (init ma vie.

TAÏSE.

Kt vous pouviez cacher ce secret à ma foi ?

ADÉLAÏDE.

Le secret de Nemours dépendait-il de moi ?

Nos feux, toujours hrùlanl dans l’omhre du silence,

Trompaient de tous les yeux la triste vigilance.

Séparés l’un de l’autre, et sans cesse présents.

Nos cœurs de nos soupirs étaient seuls confidents ;

Et ^’endùme, surtout, ignorant ce mystère,

Ne sait pas si mes yeux ont jamais vu son frère.

Dans les murs de Paris… Mais, ô soins superflus !

Je te parle de lui, quand peut-être il n’est plus.

murs où j’ai vécu de Vendôme ignorée !

temps où, de Nemours en secret adorée.

Nous touchions l’un et l’autre au fortuné moment

Qui m’allait aux autels unir à mon amant !

La guerre a tout détruit. Fidèle au roi son maître.

Mon amant me quitta, ])our m’oublier peut-être ;

Il partit, et mon cœur qui le suivait toujours,

A vingt peuples armés redemanda Nemours.

Je portai dans Camhrai ma douleur inutile ;

Je voulus rendre au roi cette supcrhe ville ;

Nemours à ce dessein devait servir d’appui ;

L’amour me conduisait, je faisais tout pour lui.

C’est lui qui, d’une fille animant le courage,

D’un peuple factieux me fit braver la rage.

Il exposa mes jours, pour lui seul réservés.

Jours tristes, jours affreux, qu’un autre a conservés !

Ah ! qui m’éclaircira d’un destin que j’ignore ?

Français, qu’avez-vous fait du héros que j’adore ?

Ses lettres autrefois, chers gages de sa foi,