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86 ADÉLAIDK DU GUESGLIN.

Je rrains do l’affliger, Je crains de aous trahir : Et ce n’est qu’aux combats que je dois le servir. Laissez-moi d’un soldat garder le caractère, Madame ; et puisque enfin la France vous est chère, lîendez-lui ce héros qui serait son appui : Je vous laisse y penser, et je cours près de lui. Adieu, madame…

SCENE II.

ADÉLAÏDE, TAÏSE.

ADÉLAÏDE.

OÙ suis-je ? hélas ! tout m’abandonne, Nemours… de tous côtés le malheur m’environne. Ciel ! qui m’arrachera de ce cruel séjour ?

TAÏSE.

Quoi ! du duc de Vendôme et le choix et l’amour, Quoi ! ce rang qui ferait le bonheur ou l’envie De toutes les beautés dont la France est remplie, Ce rang qui touche au trône, et qu’on met à vos pieds, Ferait couler les pleurs dont vos yeux sont noyés ?

ADÉLAÏDE.

Ici, du haut des cieux, du Guesclin me contemple ; De la fidélité ce héros fut l’exemple : Je trahirais le sang qu’il versa pour nos lois. Si j’acceptais la main du vainqueur de nos rois.

TAÏSE.

Quoi ! dans ces tristes temps de ligues et de haines. Qui confondent des droits les bornes incertaines, Où le meilleur parti semble encor si douteux. Où les enfants des rois sont divisés entre eux ; Vous, qu’un astre plus doux semblait avoir formée Pour unir tous les cœurs et pour en être aimée ; Vous refusez l’honneur qu’on offre à vos appas, Pour l’intérêt d’un roi qui ne l’exige pas ?

ADÉLAÏDE, en pleurant.

Mon devoir me rangeait du parti de ses armes.

TAÏSE.

Ah ! le devoir tout seul fait-il verser des larmes ? Si Vendôme vous aime, et si, par son secours…