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ADELAÏDE

DU GUESGLIN

TRAGÉDIE

ACTE PREMIER.




Scène I.



LE SIRE DE COUCY, ADÉLAÏDE.

COUCY.
Digne sang de Guesclin, vous qu'on voit aujourd’hui
Le charme des Français dont il était l’appui,
Soufîrez qu’en arrivant dans ce séjour d’alarmes.
Je dérobe un moment au tumulte des armes :
Écoutez-moi. Voyez d’un œil mieux éclairci
Les desseins, la conduite et le cœur de Coucy ;
Et que votre vertu cesse de méconnaître
L’âme d'un vrai soldat, digne de vous peut-être.

ADÉLAÏDE.

Je sais quel est Coucy ; sa noble intégrité
Sur ses lèvres toujours plaça la vérité.
Quoi que vous m’annonciez, je vous croirai sans peine.

COUCY.

Sachez que si ma foi dans Lille me ramène,
Si, du duc de Vendôme embrassant le parti,
Mon zèle en sa faveur ne s’est pas démenti,
Je n’approuvai jamais la fatale alliance
Qui l’unit aux Anglais et l’enlève à la France ;
Mais dans ces temps affreux de discorde et d’horreur,