L'air, la terre et l'onde
Attendent vos faveurs.
Que ce feu précieux, l'astre de la nature,
Que cette flamme pure
Te mette au nombre des vivants.
Terre, soit attentive à ces heureux instants :
Lève-toi, cher objet, c'est l'Amour qui l'ordonne ;
A sa voix, obéis toujours :
Lève-toi, l'Amour te donne
La vie, un coeur, et de beaux jours.
Pandore se lève sur son estrade et marche sur la scène
Ciel ! ô Ciel ! elle respire !
Dieu d'amour, quel est ton empire[1] !
Où suis-je ? et qu'est-ce que je voi ?
Je n'ai jamais été ; quel pouvoir m'a fait naître ?
J'ai passé du néant à l'être.
Quels objets ravissants semblent nés avec moi !
On entend une symphonie
Ces sons harmonieux enchantent mes oreilles ;
Mes yeux sont éblouis de l'amas des merveilles
Que l'auteur de mes jours prodigue sur mes pas.
Ah ! d'où vient qu'il ne paraît pas ?
De moment en moment je pense et je m'éclaire.
Terre qui me portez, vous n'êtes point ma mère ;
Un dieu sans doute est mon auteur :
Je le sens, il me parle, il respire en mon coeur.
Elle s'assied au bord d'une fontaine
- ↑ Dans sa lettre à Chabanon, du 11 janvier 1768, Voltaire proposait, après ce vers, de mettre :
PROMÉTHÉE.
Je revole ans autels du jilus charmant des dieux.
Son ouvrage m'étonne et sa beauté m'enflamme.
Amour, descends tout entier dans son âme,
Comme tu règnes dans ses yeux !
Mais dans sa lettre au même, du 23 janvier, au lieu do ces quatre vers, il propose:
Observons ses appas naissants,
Sa surprise, son trouble, et son premier usage
Des colestes présents
Dont l'Amour a fait son partage. (B.)