Scène II
Enfant de la terre et des cieux,
Tes plaintes et tes cris on ému ce bocage.
Parle, quel est celui des dieux
Qui t'ose faire quelque outrage ?
,
Jupiter est jaloux de mon divin ouvrage ;
Il craint que cet objet n'ait un jour des autels ;
Il ne peut sans courroux voir la terre embellie ;
Jupiter à Pandore a refusé la vie !
Il rend mes chagrins éternels.
Jupiter ? quoi ! c'est lui qui formerait nos âmes ?
L'usurpateur des cieux peut être notre appui ?
Non, je sens que la vie et ses divines flammes
Ne viennent point de lui.
Nous avons pour aïeux la Nuit et le Tartare.
Invoquons l'éternelle Nuit ;
Elle est avant le Jour qui luit.
Que l'Olympe cède au Ténare.
Que l'enfer, que mes dieux répandent parmi nous
Le germe éternel de la vie :
Que Jupiter frémisse d'envie,
Et qu'il soit vainement jaloux.
Ecoutez-nous, dieux de la nuit profonde :
De nos astres nouveaux contemplez la clarté ;
Accourez du centre du monde ;
Rendez féconde
La terre qui m'a porté ;
Animez la beauté ;
Que votre pouvoir seconde
Mon heureuse témérité !