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(A Cléon, avec attendrissement.)

Monsieur, qu’avez-vous fait ?

CLEON.

Le crime le plus grand
Que pût se reprocher jamais un homme en place :
D’un homme vertueux j’ai causé la disgrâce,
Je l’ai persécuté. Dans l’erreur affermi,
J’ai fait bien plus encor, j’ai perdu mon ami.

ARISTON.

Pourquoi le perdiez-vous ?

CLEON.

Désormais l’imposture
N’osera plus ternir une vertu si pure.
Tout est connu.

CLITANDRE, à Cléon.


Monsieur, de grâce, apprenez-nous…


Scène VI.



ARISTON, CLÉON, HORTENSE, CLITANDRE, L’EXEMPT, GARDES dans le fond, suite de Cléon.

HORTENSE.


Ariston, grâce au ciel, je viens, aux yeux de tous.
Montrer cette amitié, cette estime épurée
Que l’infâme imposture avait déshonorée.
Hélas ! pardonnez-vous à mon époux, à moi ?

ARISTON.

Eh ! puis-je rien comprendre à tout ce que je voi ?
J’ignore absolument quel trouble vous anime,
Quelle était votre erreur, votre soupçon, mon crime,
D’où vient ce prompt retour et ce grand changement.

CLEON.

Vous allez de la chose être instruit pleinement ;
Et je vais faire voir aux yeux de l’innocence
Quel crime l’attaquait, et quelle est la vengeance.
Mettez-vous là, de grâce, et dans cet entretien
Daignez ne point paraître.

(Cléon fait entrer Ariston dans un cabinet.)

On vient, écoutez bien.