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Dans ce port tutélaire, à l’abri de l’orage,
Sans regrets, sans remords, j’irai vivre et mourir.

LAURE.

Mais, madame, avant tout ne peut-on découviir
Quels sont les ennemis dont la soudaine rage
Avec tant d’injustice aujourd’hui nous outrage ?

HORTENSE

Du jour les mallaitcurs redoutent la clarté,
Et c’est dans le silence et dans l’obscurité
Qu’ils forgent sans danger leurs armes criminelles,
inventent des noirceurs, composent des libelles.
Semés adroitement ; ces écrits imposteurs
Égarent le public au gré de leurs auteurs.
Et trop souvent, hélas ! timide et sans défense.
Sous d’invincibles traits succombe l’innocence.

LAURE.

Quelque vil scélérat, excité contre vous,
Avec un art perfide abusant votre époux,,
Aurait-il réveillé sa trisle jalousie ?

HORTENSE

Hélas ! ce seul défaut empoisonne sa vie.
Mais ce défaut enfin, grâce à mes heureux soins.
S’il n’était pas détruit, s’était caché du moins.
Du sincère Ariston l’esprit doux, sympathique.
Cimentait chaque jour notre paix domestique.
Cette paix est rompue, et le sort ennemi
Vient m’(Mer à la fois mon époux, mon ami.
Mon repos, mon bonheur, et ma gloire peut-être !
C’en est fait, je ne peux, je ne veux plus paraître ;
Je mourrai de douleur.

LAURE.

Mais c’est mourir vraiment
Que d’aller s’enterrer dans le fond d’un couvent.
Il faudra vous y suivre, et j’en suis fort fâchée.

HORTENSE

Que des hommes, bon Dieu ! l’àme est fausse et cachée !
Aurais-tu pu penser que mon affection,
Que mes calamités me viendraient d’Ariston ?

LAURE.

Oui, je vous l’avais dit, et vous deviez l’entendre.

HORTENSE

Non, cet événement ne saurait se comprendre.