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LAURE.

Madame…

HORTENSE

Absolument je veux l'entretenir.

LAURE.

Non, madame, jamais il n’osera venir.

HORTENSE

Ah ! que me dis-tu là ? Tu le croirais coupable !

LAURE.

Sans doute, je le crois : de tout il est capable.

HORTENSE

Il n’est point imprudent, il connaît son devoir.

LAURE.

Il a tous les dcMauts que l’on saurait avoir.
Je lui dirai son fait vertement, je vous jure.

HORTENSE

Ariston m’exposer à pareille aventure !
Lui, mon intime ami ! non, je n’y conçois rien :
Il est trop raisonnable, et trop homme de bien,

LAURE.

Il ne l’est point du tout.

HORTENSE, à Zoilin.

Mais vous pourriez m’instruire
Mieux qu’un autre, monsieur, de ce que j’entends dire.

ZOÏLIN

Moi ?

HORTENSE

Vous. Votre neveu perd-il le sens commun ?
Que prétend donc de moi ce petit importun,
En me suivant partout, en me faisant cortège,
Cent fois m’affadissant de phrases de collège ?
Il me soutient à moi qu’il a vu, lu, tenu,
Un billet de ma main qu’Ariston a reçu.
Enfin, si je l’en crois, mes lettres sont publiques.
Et je serai bientôt l’entretien des critiques [1].

ZOÏLIN

Si ce n’est que cela, calmez votre douleur ;

  1. Des lettres de la marquise étaient en effet publiques. Thiériot, par exemple, montrait celles qu’elle lui écrivait, et les réponses qu’il y faisait. Voyez la Correspondance à cette époque. (G. A.)