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C’est un conseil prudent que je t’ai répété ;
Car tu sais qu elle écrit avec légèreté.
Avec esprit, d'un air si tendre et si facile !
Et tout ce que j’en dis, c’est pour former ton style.

NICODON.

Oui, j’ai, mon très-cher oncle, à cette intention
Pris, pour vous obéir, ces deux lettres.

ZOÏLIN.

Bon, bon.
Donne ; lisons un peu. Voyons si l'on y trouve
Quelques mots un peu vifs, et ce que cela prouve ;
Ce qu’on peut en tirer.

(Il lit.)

« L’amour… » Ah ! l’y voilà !
« L’amour… »

NICODON.

Oui, mais lisez ; le mot d’amour est là
Dans un tout autre sens que vous semblez le croire.
Tournez, voyez plutôt : c’est l’amour de la gloire,
L’amour de la vertu.

ZOÏLIN, tirant un cahier de sa poche.

Va, va, jeune innocent,
Tais-toi. Pour ton bonbeur, obéis seulement.
Porte chez Ariston ce paquet d’importance.
Et parmi ses papiers le glisse avec prudence.
Ta fortune en dépend.

NICODON.

Mais, mon oncle, l’honneur…

ZOÏLIN.

Eh oui, l’honneur ! mon Dieu ! j’ai l’honneur fort à cœur,
Faisons d’abord fortune, et puis je te proteste
Qu’à la suite du bien l’honneur viendra de reste.

NICODON.

Mais enfin vous savez jusqu’où va sa bonté ;
Il nous protège.

ZOÏLIN.

Bon, par pure vanité.
Il est jaloux de toi dans le fond de son âme.

NICODON.

Vous croyez ?

ZOÏLIN.

Il voit bien que tu plais à madame.