C’est un conseil prudent que je t’ai répété ;
Car tu sais qu elle écrit avec légèreté.
Avec esprit, d'un air si tendre et si facile !
Et tout ce que j’en dis, c’est pour former ton style.
Oui, j’ai, mon très-cher oncle, à cette intention
Pris, pour vous obéir, ces deux lettres.
Bon, bon.
Donne ; lisons un peu. Voyons si l'on y trouve
Quelques mots un peu vifs, et ce que cela prouve ;
Ce qu’on peut en tirer.
(Il lit.)
« L’amour… » Ah ! l’y voilà !
« L’amour… »
Oui, mais lisez ; le mot d’amour est là
Dans un tout autre sens que vous semblez le croire.
Tournez, voyez plutôt : c’est l’amour de la gloire,
L’amour de la vertu.
Va, va, jeune innocent,
Tais-toi. Pour ton bonbeur, obéis seulement.
Porte chez Ariston ce paquet d’importance.
Et parmi ses papiers le glisse avec prudence.
Ta fortune en dépend.
Mais, mon oncle, l’honneur…
Eh oui, l’honneur ! mon Dieu ! j’ai l’honneur fort à cœur,
Faisons d’abord fortune, et puis je te proteste
Qu’à la suite du bien l’honneur viendra de reste.
Mais enfin vous savez jusqu’où va sa bonté ;
Il nous protège.
Bon, par pure vanité.
Il est jaloux de toi dans le fond de son âme.
Vous croyez ?
Il voit bien que tu plais à madame.