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ACTE IV, SCÈNE III. 49"

Et le plus si’iiiK^l, tl^ii wc peut s’oflaccr,

Le plus affreux, fut de vous offenser.

J’ai reconnu (j’en jure par voiis-mènie,

Par la vertu (|ue j’ai fui, mais que j’aime),

J’ai reconnu ma détestable erreur ;

Le vice était étranger dans mon cœur :

Ce cœur n’a plus les taches criminelles

Dont il couvrit ses clartés naturelles ;

Mon feu pour vous, ce feu saint et sacré,

Y reste seul ; il a tout épuré.

C’est cet amour, c’est lui qui me ramène.

Non pour briser votre nouvelle chaîne,

Non pour oser traverser vos destins ;

Un malheureux n’a pas de tels desseins :

Mais quand les maux où mon esprit succombe

Dans mes beaux jours aAaient creusé ma tombe,

A peine encore échappé du trépas,

Je suis venu ; l’amour guidait mes pas.

Oui, je vous cherche à mon heure dernière,

Heureux cent fois, en quittant la lumière,

Si, destiné pour être votre époux,

Je meurs au moins sans être haï de vous !

LISE.

Je suis à peine en mon sens revenue. C’est vous, ô ciel ! vous, qui cherchez ma vue ! Dans quel état ! quel jour !… Ah, malheureux ! Que vous avez fait de tort à t( ; iis deux !

EUPHÉMON FILS.

Oui, je le sais ; mes excès, que j’abhorre, En vous voyant semblent plus grands encore ; Ils sont affreux, et vous les connaissez : J’en suis puni, mais point encore assez.

LISE.

Est-il bien vrai, malheureux que vous êtes. Qu’enfin domptant vos fougues indiscrètes, Dans votre cœur en effet combattu, Tant d’infortune ait produit la vertu ?

EUPHÉMO-N FILS.

Qu’importe, hélas ! que la vertu m’éclaire ? Ah ! j’ai trop tard aperçu sa lumière ! Trop vainement mon cœur en est épris. De la vertu je perds en vous le prix.

Théâtre. II. 32