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484 L’ENFANT PRODIGUE.

Pour inoi la vie est un poids qui ni’acrablo.

(Apercevant Jasmin qui le salue )

Que me veux-tu, Tami ?

JASMIN.

Seigneur aimable, Reconnaissez, digne et nol)]e Euphémon, Certain Jasmin élevé chez Rondon.

EUPHÉMON.

Ah ! ah ! c’est toi ? Le temps change un visage Et mon front chauve en sent le long outrage. Quand tu partis, tu me vis encor frais ; Mais Vàge avance, et le terme est bien près. Tu reviens donc enfin dans ta patrie ?

JASMIN.

Oui, je suis las de tourmenter ma vie, De vivre errant et damné comme un juif : Le bonheur semble un être fugitif : Le diable enfin, qui toujours me promène, Me fit partir ; le diable me ramène.

EUPHÉMON.

Je t’aiderai : sois sage, si tu peux. Mais quel était cet autre malheureux Qui te parlait dans cette promenade. Qui s’est enfui ?

JASMIN.

Mais… c’est mon camarade, Un pauvre hère, afl’amé comme moi. Qui, n’ayant rien, cherche aussi de l’emploi.

EUPHÉMON.

On peut tous deux vous occuper peut-être. A-t-il des mœurs ? est-il sage ?

JASMIN.

Il doit l’être. Je lui connais d’assez bons sentiments ; Il a, de plus, de fort jolis talents ; II sait écrire, il sait rarithmétique, Dessine un peu, sait un peu de musique : Ce drôle-là fut très-bien élevé.

EUPHÉMON.

S’il est ainsi, son poste est tout trouvé. Jasmin, mon fils deviendra votre maître : Il se mafie, et dès ce soir peut-être ;