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ACTH III, SCÈM- I. 477

JASMI.N,

Ah, les amis ! les amis ! quels infâmes !

EL’PHÉMON FILS.

Les hommes sont tous de fer.

JASMIX.

Et les femmes ?

Kl l’IlÉMON FILS.

J’en attendais, hélas ! plus de douceur ; J’en ai cent fois essuyé plus d’horreur. Celle surtout ijui, m’aimaiit sans mystère, Semblait placer son orgueil à me |)laire, Dans son logis, meublé de mes présents. De mes bienfaits achetait des amants, Et de mon vin régalait leur cohue Lorsque de faim j’expirais dans sa rue. Enfin, Jasmin, sans ce pauvre vieillard Qui dans Hordeaux me trouva par hasard, Qui m’avait vu, dit-il, dans mon enfance, Une mort prompte eût fini ma souffrance. Mais en quel lieu sommes-nous, cher Jasmin ?

JASMIN.

Près de Cognac, si je sais mon chemin ;

Et l’on m’a dit que mon vieux premier maître.

Monsieur Rondon, loge en ces lieux peut-être.

EUPHÉMON FILS.

Rondon, le père de… Quel nom dis-tu ?

JASMIN.

Le nom d’un homme assez hrusque et hourru.

Je fus jadis page dans sa cuisine ;

Mais, dominé d’une humeur libertine.

Je voyageai : je fus depuis coureur.

Laquais, commis, fantassin, déserteur ;

Puis dans Bordeaux je te pris pour mon maître.

De moi Rondon se souviendra peut-être ;

Et nous pourrions, dans notre adversité…

EUPHÉMON FILS.

Et depuis quand, dis-moi, l’as-tu quitté ?

JASMI N.

Depuis quinze ans. C’était un caractère Moitié plaisant, moitié triste et colère ; Au fond, hon diable : il avait un enfant, Un vrai bijou, fille unique vraiment,