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ACTE TROISIEME.

SCENE I.

EUPIIÉaiON FILS, JASMIN.

JASMIN,

Oui, mon ami, tu fus jadis mon maître ; Je t’ai servi deux ; ans sans te connaître ; Ainsi que moi réduit à l’hôpital, Ta panvreté m’a rendu ton égal. Non, tu n’es plus ce monsieur d’Entremonde, Ce chevalier si pimpant dans le monde, Fêté, coiirn, de femmes entouré. Nonchalamment de phiisirs enivré : Tout est au diable. Éteins dans ta mémoire Ces vains regrets des beaux jours de ta gloire Sur du fumier l’orgueil est un abus ; Le souvenir d’un bonheur qui n’est plus Est à nos maux un poids insupportable. Toujours Jasmin, j’en suis moins misérable : Né pour souffrir, je sais souffrir gaîment ; Manquer de tout, voilà mon élément : Ton vieux chapeau, tes guenilles de bure, Dont tu rougis, c’était là ma parure. Tu dois avoir, ma foi, bien du chagrin De n’avoir pas été toujours Jasmin.

EUPIIÉMON FILS.

Que la misère entraîne d’infamie ! Faut-il encor qu’un valet m’humilie ? Quelle accablante et terrible leçon ! Je sens encor, je sens qu’il a raison. Il me console au moins à sa manière ; Il m’accompagne, et son âme grossière.