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ACTF. II, SCÈNE VI. 473

RPNDO.N.

N’en sois point offrayée ; Va, que t’importe ?

riERENFAT,

Ah ! monsieur, la pâleur De son visage efface la couleur.

n ON DON.

Elle est, ma loi, sensible : ah ! la friponne ! Puisqu’il est mort, allons, je te pardonne.

FIER EN F AT.

Mais après tout, mon père, voulez-vous… ?

EUPHÉMON.

Ne craignez rien, vous serez son époux : C’est mon bonheur. Mais il serait atroce Qu’un jour de deuil devînt un jour de noce. Puis-je, mon fds, mêler à ce festin Le contre-temps de mon juste chagrin. Et sur vos fronts parés de fleurs nouvelles Laisser couler mes larmes paternelles ? Donnez, mon fils, ce jour à nos soupirs, Et différez l’heure de vos plaisirs : Par une joie indiscrète, insensée, L’honnêteté serait trop offensée.

LISE.

Ah ! oui, monsieur, j’approuve vos douleurs ; Il m’est plus doux de partager vos pleurs Que de former les nœuds du nuiriage.

FIEREiNFAï.

Eh ! mais, mon père…

RO.NDON.

Eh ! vous n’êtes pas sage. Quoi ! différer un hymen projeté, Pour un ingrat cent fois déshérité, Maudit de vous, de sa famille entière !

ELPHÉMON.

Dans ces moments un père est toujours père : Ses attentats et toutes ses erreurs Furent toujours le sujet de mes pleurs ; Et ce qui pèse à mon àine attendrie, C’est qu’il est mort sans réparer sa vie.

RO-NDON.

Réparons-la ; donnons-nous aujourd’hui