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C’est aux pieds de ce dieu, qu’un horrible serment
Me donne au meurtrier qui m’ôta mon amant.
Je connais mal peut-être une loi si nouvelle ;
Mais j’en crois ma vertu, qui parle aussi haut qu’elle.
Zamore, tu m’ès cher ; je t’aime, je le dois :
Mais après mes serments je ne puis être à toi.
Toi, Gusman, dont je suis l’épouse et la victime,
Je ne suis point à toi, cruel ! Après ton crime.
Qui des deux osera se venger aujourd’hui ?
Qui percera ce cœur que l’on arrache à lui ?
Toujours infortunée, et toujours criminelle,
Perfide envers Zamore, à Gusman infidèle,
Qui me délivrera, par un trépas heureux,
De la nécessité de vous trahir tous deux ?
Gusman, du sang des miens, ta main déjà rougie,
Frémira moins qu’un autre à m’arracher la vie.
De l’hymen, de l’amour, il faut venger les droits.
Punis une coupable, et sois juste une fois.

Gusman.

Ainsi vous abusez d’un reste d’indulgence,
Que ma bonté trahie oppose à votre offense ;
Mais vous le demandez, et je vais vous punir ;
Votre supplice est prêt, mon rival va périr.
Holà, soldats.

Alzire.

Cruel !

Alvarès.

Mon fils, qu’allez-vous faire ?
Respectez ses bienfaits, respectez sa misère.
Quel est l’état horrible, ô ciel, où je me vois !
L’un tient de moi la vie, à l’autre je la dois !
Ah mes fils ! De ce nom ressentez la tendresse,
D’un père infortuné regardez la vieillesse,
Et du moins…



Scène 6



Alvarès, Gusman, Alzire, Dom Alonze, officier espagnol.



Alonze.

Paraissez, seigneur, et commandez,