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Sous le dieu que j’adore ils sont tous abattus.

Zamore.

Quoi, ta religion ! Quoi, la loi de nos pères !

Montèze.

J’ai connu son néant, j’ai quitté ses chimères ;
Puisse le dieu des dieux, dans ce monde ignoré,
Manifester son être à ton cœur éclaire !
Puisses-tu mieux connaître, ô ! Malheureux Zamore,
Les vertus de l’Europe, et le dieu qu’elle adore !

Zamore.

Quelles vertus ! Cruel ! Les tyrans de ces lieux
T’ont fait esclave en tout, t’ont arraché tes dieux !
Tu les a donc trahis, pour trahir ta promesse ?
Alzire a-t-elle encore imité ta faiblesse ?
Garde toi…

Montèze.

Va mon cœur ne se reproche rien.
Je dois bénir mon sort, et pleurer sur le tien.

Zamore.

Si tu trahis ta foi, tu dois pleurer sans doute.
Prend pitié des tourments que ton crime me coûte ;
Prend pitié de ce cœur enivré tour à tour
De zèle pour mes dieux, de vengeance et d’amour.
Je cherche ici Gusman, j’y vole pour Alzire,
Viens, conduis-moi vers elle, et qu’à ses pieds j’expire.
Ne me dérobe point le bonheur de la voir,
Craint de porter Zamore au dernier désespoir,
Reprend un cœur humain, que ta vertu bannie…



Scène 5



Montèze, Zamore. suite.



Un Garde à Montèze.

Seigneur on vous attend pour la cérémonie.

Montèze.

Je vous suis.

Zamore.

Ah ! Cruel, je ne te quitte pas.
Quelle est donc cette pompe, où s’adressent tes pas ?
Montèze…