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Scène 4



Montèze, Zamore, américains.



Zamore.

Cher Montèze, est-ce toi que je tiens dans mes bras ?
Revois ton cher Zamore échappé du trépas,
Qui du sein du tombeau renaît pour te défendre ;
Revois ton tendre ami, ton allié, ton gendre.
Alzire est-elle ici ? Parle quel est son sort ?
Achève de me rendre ou la vie ou la mort.

Montèze.

Cacique malheureux ! Sur le bruit de ta perte,
Aux plus tendres regrets notre âme était ouverte ;
Nous te redemandions à nos cruels destins,
Autour d’un vain tombeau que t’ont dressé nos mains.
Tu vis : puisse le ciel te rendre un sort tranquille,
Puissent tous nos malheurs finir dans cet asile !
Zamore, ah ! Quel dessein t’a conduit en ces lieux ?

Zamore.

La soif de me venger, toi, ta fille, et mes dieux.

Montèze.

Que dis-tu ?

Zamore.

Souviens-toi du jour épouvantable
Où ce fer espagnol, terrible, invulnérable
Renversa, détruisit jusqu’en leurs fondements
Ces murs, que du soleil ont bâti les enfants.
Gusman était son nom. Le destin qui m’opprime
Ne m’apprit rien de lui que son nom et son crime.
Ce nom, mon cher Montèze, à mon cœur si fatal,
Du pillage et du meurtre était l’affreux signal.
À ce nom, de mes bras on m’arracha ta fille,
Dans un vil esclavage on traîna ta famille :
On démolit ce temple et ces autels chéris,
Où nos dieux m’attendaient pour me nommer ton fils ;
On me traîna vers lui ; dirais-je à quel supplice,