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VARIAXTES I)K LA.M()|{T DE CE S AU. 363

Pout-Otro avant la fin de ce jour solcnn’M \’ous aurez à combattre et le trône et l’autel. Ne nous endormons point dans l’excès du délire ; Il ne faut point, hélas ! qu’un jour on puisse dire : « Sous le fer do Brutus César lui seul mourut ; L’affreuse tyrannie au tyran survécut. » César, pour le venger, laisse, on perdant la vie. Les supi)ôts du mensonge et de la tyrannie. Que do périls encore il nous faudra braver ! Mais aucune frayeur ne doit nous captiver. L’homme, qumd il le veut, échappe h l’esclavage ; S’il succombe, il lui reste un fer et son courage. Ah ! si la liberté pouvait jamais périr, Cassius ne voudrait que l’honneur de mourir.

UN ROMAIN.

Le même sentiment, Cassius, nous anime.

Vivre libre ou mourir, tel est le cri sublime

Des Homains réunis dans ces murs désolés.

CA s s I u s. ■ Kappelons-y la paix et nos dieux exilés. "Étouffons des méchants les fureurs intestines,

  • Et de la liberté réparons les ruines.

Sachons apprécier le règne heureux des lois.

Prouvons que les Romains n’ont pas besoin de rois.

Tombe avec le tyran tout ce qui peut, dans Rome,

Servir à dégrader la dignité de l’homme.

Assez et trop longtemi)s des tyrans odieux

Ont osé se jouer des hommes et des dieux.

Les imposteurs eux seuls ont besoin de séduire :

Sur nous, sur l’univers la vérité va luire.

Républicains, voilà votre divinité ;

C’est le dieu de Brutus, le mien, la Lilîortc ’.

SCÈNE X ET DERNIÈRE.

LES ACTEURS PRÉCÉDENTS ; BRUTUS, aux pieds do la statue de la I.itjerté.

BRUTUS.

Daigne entendre mes vœux, divinité chérie ;

Veille sur nos destins, veille sur ma patri(,’.

Grands dieux ! si cette main, en s’armant d’un poignard,

N’eiit servi qu’aux dessoins des rivaux de César !…

Éloigne des terreurs qui rouvrent ma blessure !

Je pouvais pour toi seule oublier la nature ;

Pour toi seule à César j’ai pu donner la mort ;

Pour toi seule atijourd’hui Brutus peut vivre encor.

S’il faut, par d’autre sang, affermir ton empire,

Ah ! que Rome soit libre et que Brutus expire.

1. Le fond du IhéAtre s’ouvrait alors. On voyait la statue de la Liberté entourée d’un cercle de peuple. Dans la salle, tout le monde se levait, parterre et loges. (,G. A.)