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VARIANTES DE LA MORT DE CÉSAR. 361

Pa ? e.’J"J.’5, vers 10. — N’oici h^ d(’nnùinent fait par (ioliior. et joué en IT’.lii :

CASSI l S.

■ Peuples, imitez-moi, vous n’avez plus de maître.

■ César vous asservit, sou sang est répandu.

  • Est-il quelqu’un de vous do si pou de vertu,
  • D’un esprit si rampant, d’un si faible courage,
  • Qu’il puisse regretter César ot l’esclavage ?
  • Quol est ce vil Romain qui veut avoir un roi ?
  • S’il en est un, qu’il parle, et qu’il se plaigne à moi.

nOI-ABELLA.

Je serai ce Romain que révolte le crime. Qui regrette en César un héros magnanime. Quels destins préparait ce généreux vainqueur A Rome, au mond(> entier qu’étonna sa valeur !

c A s s I u s. César a, dans un jour, terni toute sa gloire, En dépouillant son front du prix de la victoire. J’adorais dans César l’intrépide guerrier ; Mais dès que la couronne a flétri son laurier, Un sentiment plus fort, l’amour de la patrie. M’a bientôt fait rougir de mon idolâtrie. Je n’ai tu dans César qu’un vil usurpateur. Qu’un tyran couronné digne de ma fureur. Du sang des malheureux si la terre est rougic. Il existe des rois, ce sang-là vous le crie.

DOLABELLA.

Le sceptre d’un bon roi sur un peuple soumis Pèse moins que le joug de ses trop tiers amis.

DÉCIDE.

De tes rois trop vantés le meilleur est un maître. (En brandissant son poignard.) Voilà pour le brigand qui prétendrait à l’être.

CASSIUS.

’Maîtres du monde entier, de Rome heureux enfants,

  • Conservez à jamais ces nobles sentiments.
  • Je sais que devant vous Antoine va paraître.

■.\mis, souvenez-vous que César fut son maître,

  • Qu’il a servi sous lui, dès ses plus jeunes ans,
  • Dans l’école du crime et dans l’art des tyrans.
  • ll vient justifier son maître et son empire.
  • Il vous méprise assez pour penser vous séduire.

’Sans doute il peut ici faire entendre sa voix ; ’Telle est la loi de Rome, et j’obéis aux lois.

Le peuple est désormais leur organe suprême, Le juge do César, d’Antoine, de moi-même.

c IM nER.

Par le for de Brutus le peuple a prononcé : Sur le corps de César le trône est renversé.

DOLADELLA.

Odieux assassin, républicain farouche. Le mot qui te condamne est sorti de ta bouche. Tu dis que par le fer de quelques factieux Le jugement de Rome éclate à tous les yeux !