ACTE m, SCtXE YIIl. 357
LN IlOMAIN.
César fut on elTef le père de l’État.
ANTOINE.
Votre père n’est pins : nn lâche assassinat
Vient de trancher ici les jours de ce grand homme,
I/honnenr de la natnre et la gloire de Rome.
Honiains, priverez-vons dos lionnonrs du bûcher
Ce père, cet ami, qni vous èlait si cher ?
On l’apporte à vos yeux.
(Le fond du tliéâtro s’ouvre ; dos licteurs apportent li ; corps de C(5sar couvert d’uno robo sanglante ; Antoine descend do la tribune, et se jette à genoux auprès du corps.)
Il OM A INS.
spectacle funeste !
ANTOINE.
Du plus grand des Romains voilà ce qui vous reste ;
^oilà ce dieu vengeur, idoIAtré par vous,
Que ses assassins même adoraient à genoux ;
Qui, toujours votre appui dans la paix, dans la guerre,
Une heure auparavant faisait trond)lor la terre ;
Qui devait enchaîner Cabylone à son char :
Amis, en cet état connaissez-vous César ?
Vous les voyez, Romains, vous touchez ces blessures.
Ce sang qu’ont sous vos yeux versé des mains paijures.
Là, Cimher l’a frappé ; là, sur le grand César
Cassius et Décime enfonçaient leur poignard.
Là, Brutus éperdu, Brutns l’àme égarée,
A souillé dans ses flancs sa main dénaturée.
César, le regardant d’un œi\ tran((uillo et doux,
Lui pardonnait encore en tombant sous ses conps.
Il l’appelait son fils ; et ce nom cher et tendre
Est le seul qu’en mourant César ait fait entendre :
« mon fils ! » disait-il.
UN ROMAIN.
monstre que les dieux Devaient exterminer avant ce coup affreux !
AUTRES ROMAINS, en regardant le corps dont ils sont proches.
Dieux ! son sang coule encore.
ANTOINE.
Il demande vengeance, Il l’attend de vos mains et de votre vaillance. Entendez-vous sa voix ? Réveillez-vous, Romains ;