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3o’2 LA MORT DE CÉSAR.

c i’ ; s A R. Quoi ! lors(|iril l’aiit ivgnor, (linV’ror (ruii moment ! Qui pourrail nrarr(Mor, moi ?

DOLABELLA,

Toute la nature Conspire à t’avertir par un sinistre augure. Le ciel, qui fait les rois, redoute ton trépas.

CÉSAR.

x^ ^ a. César n’est qu’un homme, et je ne pense pas Que le ciel de mon sort à ce point s’inquiète, Qu’il anime pour moi la nature muette, Et que les éléments paraissent confondus, Pour qu’un mortel ici respire un jour de plus. Les dieux, du haut du ciel, ont compté nos années ; Suivons sans reculer nos hautes destinées. César n’a rien à craindre.

DOLABELLA.

11 a des ennemis Qui sous un joug nouveau sont à peine asservis : Qui sait s’ils n’auraient point conspiré leur vengeance ?

CÉSAR.

Ils n’oseraient.

DOLABELLA.

Ton cœur a trop de confiance.

CÉSAR.

Tant de précautions contre mon jour fatal

Me rendraient méprisable, et me défendraient mal.

DOLABELLA.

Pour le salut de Rome il faut que César vive ; Dans le sénat au moins permets que je te suive.

CÉSAR.

Non ; pourquoi changer l’ordre entre nous concerté ? N’avançons point, ami, le moment arrêté : Qui change ses desseins découvre sa faiblesse,

DOLABELLA.

Je te quitte à regret. Je crains, je le confesse :

Ce nouveau mouvement dans mon cœur est trop fort.

CÉSAR.

Va, j’aime mieux mourir que de craindre la mort’ ! Allons.

1. C’est un mot de C^’sar : une autre fois, on disputait devant lui sur l’espèce de mort la moins fâcheuse : « La plus courte et la moins prévue », répondit-il. (K.)