ACTE III, SCÈiNE V. 351
CÉSAR,
Oui, tout est résolu. Rome doit obéir (juaiul César a voulu.
BlU Tl’S, J’un air consterné.
Adieu, César.
CÉSAR,
Eh quoi ! d’où vieunent tes alarmes ? Demeure encor, mon fils. Quoi ! tu verses des larmes ! Quoi ! Brutus peut pleurer ! Est-ce d’avoir un roi ? Pleures-tu les Romains ?
BRUTUS.
Je ne pleure que toi. Adieu, te dis-jc.
CÉSAR.
Rome ! ô l’i.queur héroïque ! Que ne puis-je ù ce point aimer ma république’ !
SCENE V.
CÉSAR, DOLABELLA, ROMAfNS.
DOLABELLA,
Le sénat par ton ordre au temple est arrivé :
On n’attend plus que toi, le trône est élevé.
Tous ceux (|ui t’ont vendu leur vie et leurs suffrages
Vont prodiguer l’encens au pied de tes images.
J’amène devant toi la foule des Romains :
Le sénat va fixer leurs esprits incertains ;
Mais si César croyait un citoyen qui l’aime-.
Nos présages affreux, nos devins, nos dieux même.
César différerait ce grand événement.
1. Cette admirable scène est toute do l’invention de Voltaire. (G. A.)
2. Il y avait, dans les premières éditions, « un vieux soldat qui t’aime » ; mais Dolabella, gendre de Cicéron, n’était point un vieux soldat ; c’était un jeune séna- teur très-aimable, très-intrigant et très-ambitieux. Comme Clodius, il s’était fait adopter par un plébéien afin de pouvoir ’ être tri !)un. Dolabella avait été nomme consul avant l’âge prescrit par les lois ; mais Antoine, qui était jaloux de sa faveur, déclara son élection nulle, en qualité d’augure. Ils se réconci- lièrent après la mort de César ; Dolabella se tua en Asie quelque temps après, pour ne pas tomber entre les mains de Cassius. Il avait alors environ vingt-sept ans. (K.)