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PREFACE

DE- L’ÉDITION DE I736i

Nous donnons cette édition de la tragédie de la Mort de César, de M. de Voltaire, et nous pouvons dire qu’il est le i)reinier qui ait fait connaître les muses anglaises en France. Il traduisit en vers, il y a quelques années, plusieurs morceaux des meilleurs poëtes d’Angleterre, pour l’instruction de ses amis, et par là il engagea beaucoup de personnes à apprendre l’anglais ; en sorte que cette langue est devenue familière aux gens de lettres. C’est rendre service à l’esprit humain, do l’oi-ner ainsi des richesses des pays étrangers.

Parmi les morceaux les plus singuliers des poëtes anglais que notre ami nous traduisit, il nous donna la scène d’Antoine et du peuple romain, prise de la tragédie de Jules César, écrite il y a cent cinquante ans par le fameux Shakespeare, et jouée encore aujourd’hui avec un très-grand concours sur le théâtre de Lon- dres. Nous le priâmes de nous donner le reste de la pièce ; mais il était impossible de la traduire.

Shakespeare était un grand génie, mais il vivait dans un siècle grossier ; et l’on retrouve dans ses pièces la grossièreté de ce temps l)eaucoup plus que le génie de l’auteur. M. de Voltaire, au lieu de traduire l’ouvrage monstrueux de Shakespeare, composa, dans le goût anglais, ce Jules César que nous donnons au public.

Ce n’est pas ici une jùèce telle que \e Sir Politick de M. de Saint- Évremond, qui, n’ayant aucune connaissance du théâtre anglais, et n’en sachant pas même la langue, donna son Sir Politick pour faire connaître la comédie de Londres aux Français. On peut dire

1. Cette Préface est de Voltaire. Les éditeurs de Kclil et beaucoup d’autres la donnaient comme étant de l’abbé de Lamare ; c’était la confondre avec l’Avertis- sement qui précède. (B.)