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302 AVERTISSEMENT.

« Antoino oontinuo. Il no va pas, ooninio l’Antoiiio de Voltaire, accuser Brutiis de parricide :

lîrutiis ! ,.. où suis-je ? ô ciel ! ù crime ! ô barbarie ! Cliers amis, je succombe, et mes sens interdits… Brut us, son assassin ! ce monstre était son fils !

lloino, qui pouvait abandonner Brutus, mais qui reslimait, n’eût pas souffert ce langage. Antoine, dans Shakespeare, est artificieux, et non pas déclama- teur. Il répète sans cesse que Brutus et Cassius sont des hommes honorables, (ju’il ne veut pas leur faire dommage.

« 3Iais\oici un papier scellé du sceau de César. C’est sa volonté dernière, son testament. Antoine l’annonce, et ne veut pas le lire. Le peuple do toutes parts demande la lecture.

Nous voulons entendre la volonté de César.

ANTOI\E.

Prenez patience, chers amis. Je ne veux pas vous faire cotte lecture ; il n’est pas bon que vous sachiez à quel point César vous aimait. Vous n’êtes pas de pierre ou do bois. Vous êtes hommes : et si vous entendez lire le testament de César, cela vous irritera, vous rendra furieux. Il vaut mieux que vous ne sachiez pas qu’il vous a faits ses héritiers. Car si vous devez… Oh ! qu’en adviendrait-il ?

UN PI.ÉBÉIEM.

Lisez-nous le testament ; nous devons l’entendre. Antoine, vous devez nous lire le testament, le testament de César.

ANTOINE.

Serez-vous patients ? resterez-vous immobiles quelques moments ? Je crains de faire tort aux hommes honorables dont les poignards ont assassiné César.

U \ PLÉBÉIEN.

C’étaient des traîtres… Eux, des hommes honorables !… Le testament ! le tes- tament ! la volonté dernière de César ! Lisez-nous le testament.

ANTOINE.

Vous me forcez à lire le testament. Alors, faites un cercle autour du corps de César ; et laissez-moi vous montrer celui qui a fait le testament.

« Alors il étale la robe sanglante de César, compte et décrit les blessures, nomme chacun des assassins : et les cris du peuple éclatent.

Vengeance ! courons…. Brûlons…. Cherchons…. Massacrons…. Ne laissons pas un traître en vie.

« Et c’est Antoine qui paraît les arrêter.

Mes boas amis, mes chers amis, que ma voix ne vous emporte pas à ce mou- vement soudain. Ceux qui ont fait cette action étaient honorables. Quelles injures particulières ils avaient à venger ! hélas ! je ne le sais pas. Ils auront sans doute des raisons à vous donner. Je ne viens pas, mes amis, pour surprendre vos cœurs : je ne suis pas un orateur comme Brutus ; mais, comme vous le savez bien, je suis un homme simple et franc qui aime mon ami ; et ils le savent bien, eux qui me donnent permiss>ion publique de parler de lui. Je n’ai ni l’esprit, ni les paroles, ni