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Scène V.

LE BARON, LE BAILLI, GOTTON, LE COMTE, LE CHEVALIER, MADAME MICHELLE.
LE BAILLI, au baron.

Oui, je suis venu en toute diligence, et je ne puis trop vous remercier de l’heureuse occasion que vous me donnez de faire pendre quelqu’un : je vous devrai toute ma réputation.

LE BARON.

Corbleu ! vous êtes plus heureux que vous ne pensez ; cet homme a des complices, il faudra faire donner la question ordinaire et extraordinaire à sept ou huit personnes.

LE BAILLI.

Dieu soit loué ! instrumentons au plus tôt. Où est l’accusé ?

LE BARON, montrant le comte.

C’est ce coquin-là. Condamnez-le comme voleur de grand chemin, faussaire, et ravisseur de fille.

LE BAILLI.

Çà, dépêchons. Votre nom, votre âge, vos qualités… (Reconnaissant le comte.) Dieu paternel ! c’est monsieur le comte de Fatenville, le fils de monsieur le marquis mon parrain.

LE BARON.

Qu’est-ce que j’entends ?

GOTTON.

En voici bien d’une autre.

MADAME MICHELLE.

Miséricorde !

LE COMTE, au bailli.

Ce vieux fou de baron s’est mis dans la tête que je n’ai pas l’honneur d’être monsieur le comte de Fatenville.

LE BARON.

Quoi ! ce serait en effet là monsieur le comte ?

LE BAILLI.

Rien n’est si certain.

LE BARON.

Ah ! monsieur le comte, je vous demande pardon ; j’ai été trompé par ces deux coquins-ci. (Il montre le chevalier et Trigaudin, puis dit à ses gens :) Délions vite monsicur le comte ; qu’on lui rende ses armes !