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ACTE TROISIÈME



Scène I.

GOTTON, LE CHEVALIER, TRIGAUDIN,
MADAME MICHELLE.
GOTTON.

J’appliquerai un soufflet au premier qui m’appellera encore mademoiselle Gotton. Vertuchou ! Je suis madame la comtesse, afin que vous le sachiez. (Au chevalier.) Ne partez-vous pas tout à l’heure pour Paris, monsieur le comte ? Je m’ennuie ici épouvantablement.

MADAME MICHELLE.

J’irai aussi à Paris, monsieur le comte ?

GOTTON.

Toi, non ; tu m’as trop renfermée dans ma chambre toutes les fois qu’il venait ici des jeunes gens ; je ne t’emmènerai point à Paris.

MADAME MICHELLE.

Et que deviendra donc madame Michelle ?

GOTTON.

Pour vivre à Paris, il faut être jeune, brillante, extrêmement jolie, avoir lu des romans, et savoir le monde ; c’est affaire à moi à vivre à Paris.

LE CHEVALIER.

Plût au ciel, madame, que je pusse vous y conduire tout à l’heure, et que monsieur votre père daignât me le permettre !

GOTTON.

Il faudra bien qu’il le veuille ; et, veuille ou non, je ne veux pas rester ici plus d’un jour.

TRIGAUDIN.

Quoi ! vous voudriez quitter sitôt un si bon homme de père ?