Je veux qu’on soit plaisant sans vouloir faire rire ;
Qu’on ait un style aisé, gai, vif et gracieux ;
Je veux enfin que vous sachiez écrire
Comme on parle en ces lieux.
Je vous baise les mains ; je renonce à vous plaire.
Vous m’en demandez trop : je m’en tirerais mal :
Allez vous adresser à madame de Staal[1] :
Vous trouverez là votre affaire.
Oh ! que je voudrais bien qu’elle nous eût donné
Quelque bonne plaisanterie !
Je le voudrais aussi : j’étais déterminé
À ne vous point lâcher ma vieille rapsodie[2],
Indigne du séjour aux grâces destiné.
Eh ! qui l’a donc voulu ?
[3]…
C’est une étrange femme : il faut, ne vous déplaise,
Quitter tout dès qu’elle a parlé.
Dût-on être berné, sifflé.
Elle veut à la fois le bal et comédie,
Jeu, toilette, opéra, promenade, soupe.
Des pompons, des magots, de la géométrie.
Son esprit en tout temps est de tout occupé ;
Et, jugeant des autres par elle,
- ↑ On connaît Mme de Staal par ses Mémoires, quoiqu’elle ait eu l’intention de ne s’y peindre qu’en buste. Elle a fait quelques comédies où il y a du naturel, de la gaieté et du bon ton. (K.) — Marguerite-Jeanne Cordier, fille de Claude Cordier et de Jeanne Delaunay, n’était connue que sous le nom de Mlle Delaunay quand
elle épousa le comte ou baron de Staal. Elle est morte en 1750. (B.) — Dans ses lettres à Mme du Deffant, Mme de Staal-Delaunay dépeint malignement Voltaire et Mme du Châtelet
venant jouer la comédie chez la duchesse du Maine. « Ils dérangèrent un peu, dit M. Villemain, les allures concertées et les amusements officiels du palais, et Mlle Delaunay trouva que c’étaient des non-valeurs dans une société. » (G. A.) - ↑ Voilà encore un passage qui ne peut regarder la Prude, et où il s’agit du Comte de Boursoufle, composé en 1734. (B.)
- ↑ Le personnage qui, dans l’Échange, est appelé Gotton, avait le nom de Thérèse dans le Comte de Boursoufle. C’était Mme du Châtelet qui jouait le rôle de Thérèse. (B.)