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ACTE V, SCÈ ? sE I. 241
- Imitez votre maître ; et s’il vous faut périr,
- Voiis recevrez de moi l’exemi)le de mourir.
(11 reste seul. )
Eli bien ! c’en est donc fait : une femme perfide Me conduit au tombeau chargé d’un parricide ! Qui ? moi, je treml)lerais des coups qu’on va porter’/ J’ai chéri la vengeance, et ne puis la goûter.
- Je frissonne : une voix gémissante et sévère
- Crie au fond de mon cœur : Arrête, il est ton frère I
- Ah ! prince infortuné, dans ta haine affermi,
- Songe à des droits plus saints ; Vamir fut ton ami !
- 0 jours de notre enfance ! ô tendresses passées !
- I1 fut le confident de toutes mes pensées.
- Avec quelle innocence et ipiels épanchements
- Nos cœurs se sont appris leurs premiers sentiments !
- Oue de fois, partageant mes naissantes alarmes,
D’une main fraternelle essuya-t-il mes larmes !
- Et c’est moi qui l’immole ! et cette même main
- I)’iin frère que j’aimai déchirerait le sein !
- 0 passion funeste ! ô douleur ([ni m’égare !
- Non, je n’étais point né pour devein’r barl)are.
- Je sens combien le crime est un fardeau cruel !
- Mais que dis-je ? Vamir est le seul criminel.
- Je reconnais mon sang, mais c’est à sa furie :
- I1 m’enlève l’objet dont dépendait ma vie ;
Ah ! de mon désespoir injuste et vain transport !
- ll l’aime ; est-ce un forfait qui mérite la mort ?
- Hélas ! malgré le temps, et la guerre, et l’absence,
- Leur tranquille union croissait dans le silence ;
- lls nourrissaient en paix leur innocente ardeur
- Avant ([u’un fol amour empoisonnât mon cœur.
- Mais lui-même il m’attaque, il brave ma colère,
- Ii me trompe, il me hait. M’importe, il est mon frère !
C’est à lui seul de vivre ; on l’aime, il est heureux : C’est à moi de mourir, mais mourons généreux. La pitié m’ébranlait, la nature décide. Ll en est temps encor.
Théâtre. II. IG