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ACTE II, SCÈNE IV. 213
LE DUC.
- Oui, jiis(]ir ; i ce iiiouieiit je vous crus vertueux,
- Je vous crus mon ami…
LISOIS.
Ces titi’os précieux Ont été jusqu’ici la règle de ma vie ; Mais vous, méritez-vous que je me justitle ?
- Apprenez qu’Amélie avait touché mon cœur
- Avant que, de sa vie heureux lit)érateur,
- Vous eussiez par vos soins, par cet amour sincère,
- Surtout par vos hienfaits, tant de droits de lui plaire.
- Moi, plus soldat que tendre, et dédaignant toujours
- Ce granti art de séduire, inventé dans les cours,
- Ce langage flatteur, et souvent si perfide,
- Peu fait pour mon esprit peut-être trop rigide,
- Je lui i)arlai dliymen ; et ce nœud respecté,
- Resserré par l’estime et par l’égalité,
- Pouvait lui [)réparer des destins plus propices
- Qu’un rang plus élevé, mais sur des précipices.
- Hier avec la nuit je vins dans vos remparts ;
- Tout votre cœur parut à mes premiers regards.
- Aujourd’luii j’ai revu cet ohjet de vos larmes,
- D’un œil indifférent j’ai regardé ses charmes.
Et je me suis vaincu, sans rendre de comhats. J’ai fait valoir vos feux, que je n’approuve pas ;
- J"ai de tous vos hienfaits rappelé la mémoire,
- L’éclat de votre rang, celui de votre gloire,
- Sans cacher vos défauts, vantant votre vertu ;
- Et pour vous, contre moi, j’ai fait ce que j’ai dû.
- Je m’immole à vous seul, et je me rends justice ;
- Et si ce n’est assez d’un pareil sacrifice,
- S’il est quehjue rival qui vous ose outrager,
- Tout mon sang est à vous, et je cours vous venger.
LE DUC.
Que tout ce que j’entends t’élève et m’humilie ! Ah ! tu devais sans doute adorer Amélie : Mais qui peut commander à son cœur enflammé ? Non, tu n’as pas vaincu ; tu n’avais point aimé.
LISOIS.
J’aimais ; et notre amour suit notre caractère.
LE DUC.
Je ne peux t’imiter : mon ardeur m’est trop chère.