Cette page n’a pas encore été corrigée
210 LE DUC DE FOIX.
.M’osez-vous roproclicr une heureuse alliance, Qui fait ma sûreté, qui soutient ma puissance, Sans qui vous gémiriez dans la captivité, A qui vous avez dû l’honneur, la liherté ?
- Est-ce donc là le prix de vous avoir servie ?
AMÉLIE.
- Oui, vous m’avez sauvée ; oui, je vous dois la vie ;
- Mais de mes tristes jours ne puis-je disposer ?
- Me les conserviez-vous pour les tyranniser ?
LE DUC.
- Je deviendrai tyran, mais moins que vous, cruelle ;
- Mes yeux lisent trop bien dans votre âme rebelle ;
- Tous vos prétextes faux m’apprennent vos raisons,
- Je vois mon déshonneur, je vois vos trahisons.
- Quel que soit l’insolent que ce cœur me préfère,
- Redoutez mon amour, tremblez de ma colère ;
- C’est lui seul désormais que mon bras va chercher ;
- De son cœur tout sanglant j’irai vous arracher,
- Et si, dans les liorreurs du sort qui nous accable,
- i)e quelque joie encor ma fureur est capable,
- Je la mettrai, perfide, à vous désespérer,
AMÉLIE.
- .\on, seigneur, la raison saura vous éclairer.
- ]\on, votre âme est trop noble, elle est trop élevée,
- Pour opprimer ma vie après l’avoir sauvée.
- Mais si votre grand cœur s’avilissait jamais
- Jusqu’à persécuter l’objet de vos l)ienfaits,
- Sachez que ces bienfaits, vos vertus, votre gloire,
- Plus que vos cruautés, vivront dans ma mémoire.
- Je vous plains, vous pardonne, et veux vous respecter
- Je vous ferai rougir de me persécuter,
- Et je conserverai, malgré votre menace,
- Une àme sans courroux, sans crainte, et sans audace.
LE DLC.
- Arrêtez ; pardonnez aux transports égarés,
- Aux fureurs d’un amant que vous. désespérez.
- Je vois trop qu’avec vous Lisois d’intelligence,
♦D’une cour qui me hait embrasse la défense,
- Que vous voulez tous deux m’unir à votre roi,
- Et de mon sort enfin disposer malgré moi.
- Vos discours sont les siens. Ah ! parmi tant d’alarmes,
♦Pourquoi recourez-vous à ces nouvelles armes ?