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132 ADELAÏDE DU GUESCLIN.

ADÉLAÏDE.

Dieu puissant ! dissipez mes alarmes ! Ciel ! de vos yeux cruels je vois tomjjer des larmes !

VENDÔME.

Vous demandez sa vie…

ADÉLAÏDE.

Ah ! qu’est-ce que j’entends ? Vous qui m’aviez promis…

VENDÔME,

Madame, il n’est plus temps.

ADÉLAÏDE.

Il n’est plus temps ! Nemours…

VENDÔME.

11 est trop vrai, cruelle ! Oui, vous avez dicté sa sentence mortelle. Coucy pour nos malheurs a trop su m’ohéir. Ah ! revenez à vous, vivez pour me punir ; Frappez : que votre main, contre moi ranimée, Perce un cœur inhumain qui vous a trop aimée, Un cœur dénaturé qui n’attend que vos coups ! Oui, j’ai tué mon frère, et l’ai tué pour vous. Vengez sur un amant coupable et sanguinaire Tous les crimes affreux que vous m’avez fait faire,

ADÉLAÏDE.

Nemours est mort ? barbare !…

VENDÔME.

Oui ; mais c’est de ta main Que son sang veut ici le sang de l’assassin.

ADÉLAÏDE, soutenue par Taise, et presque évanouie.

II est mort !

VENDÔME.

Ton reproche…

ADÉLAÏDE.

Épargne ma misère : Laisse-moi, je n’ai plus de reproche à te faire. Va, porte ailleurs ton crime et ton vain repentir. Je veux encor le voir, l’embrasser, et mourir.

VENDÔME.

Ton horreur est trop juste. Eh bien ! Adélaïde, Prends ce fer, arme-toi, mais contre un parricide : Je ne mérite pas de mourir de tes coups ; Que ma main les conduise.