Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTK V, SCIi.NE IV. /|34

L’OFFICIER.

Adélaïde, avec empressement, Veut, seigneur, en secret vous parler un moment.

VENDÔME.

Chers amis, empêchez que la cruelle avance ; Je ne puis soutenir ni souflTrir sa présence. Mais non. D’un parricide’ elle doit se venger ; Dans mon coupable sang sa main doit se plonger ; Qu’elle entre… Ah ! je succombe, et ne vis plus qu’à peine.

SCENE IV.

VENDOME, ADÉLAÏDE.

ADÉLAÏDE.

Vous l’emportez, seigneur, et puisque votre haine

(Comment puis-je autrement appeler en ce jour

Ces affreux sentiments que vous nommez amour ?)

Puisqu’il ravir ma foi votre haine obstinée

Veut, ou le sang d’un frère, ou ce triste hyménée…

Puisque je suis réduite au déplorable sort

Ou de trahir Nemours, ou de hâter sa mort,

Et que, de votre rage et ministre et victime.

Je n’ai plus qu’à choisir mon supplice et mon crime.

Mon choix est fait, seigneur, et je me donne à vous :

Par le droit des forfaits vous êtes mon époux.

Brisez les fers honteux dont vous chargez un frère ;

De Lille sous ses pas abaissez la barrière :

Que je ne tremble plus pour des jours si chéris ;

Je trahis mon amant, je le perds à ce prix.

Je vous épargne un crime, et suis votre conquête :

Commandez, disposez, ma main est toute prête ; "

Sachez que cette main que vous tyrannisez.

Punira la faiblesse où vous me réduisez.

Sachez qu’au temple même, où vous m’allez conduire.

Mais vous voulez ma foi, ma foi doit vous suffire.

Allons… Eh quoi ! d’où vient ce silence affecté ?

Quoi ! votre frère encor n’est point en liberté ?

VENDÔME.

Mon frère ?