130 ADÉLAÏDE DU GUESCLIN.
Leur tranquille union croissait dans le silence ;
Ils nourrissaient en paix leur innocente ardeur,
Avant qu’un fol amour empoisonnât mon cœur.
Mais lui-même il m’attaipie, il brave ma colère,
11 me trompe, il me hait ; n’importe, il est mon frère !
11 ne périra point. Nature, je me rends ;
.Te ne veux point marcher sur les pas des tyrans.
Je n’ai point entendu le signal homicide,
L’organe des forfaits, la voix du parricide ;
Il en est encor temps.
SCENE III.
VENDOME, l’officier des gardes.
VENDÔME.
Que Ton sauve Nemours ; Portez mon ordre, allez ; répondez de ses jours.
l’officier. Hélas ! seigneur, j’ai vu, non loin de cette porte. Un corps souillé de sang, qu’en secret on emporte ; C’est Coucy qui l’ordonne, et je crains que le sort…
VENDÔME.
(,0n entend le canon ’.)
Quoi ! déjà ! . . . Dieu, qu’entends-je ! Ah ciel ! mon frère est mort !
Il est mort, et je vis ! Et la terre entr’ouverte.
Et la foudre en éclats n’ont point vengé sa perte
Ennemi de l’État, factieux, inhumain.
Frère dénaturé, ravisseur, assassin.
Voilà quel est Vendôme ! Ah ! vérité funeste !
Je vois ce que je suis, et ce que je déteste !
Le voile est déchiré, je m’étais mal connu.
Au comble des forfaits je suis donc parvenu !
Ah, Nemours ! ah, mon frère ! ah, jour de ma ruine
Je sens que je faimais, et mon bras t’assassine,
Mon frère !
1. Voilà reflet théâtral qu’on siffla à la premièro représentation. Applaudi en 1765, il prépara le public aux trois coups de marteau de Ssdaine, dans / l’hilo- soplie sans le savoir (décem’jrc 1705). (G. A.)