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I2fj ADKLAIDH DU GLESCLIN.

Vous ne vous plaindrez pas que Coucy vous trahisse. Je ne soulïrirai pas que d’un autre que moi, Dans de pareils moments, vous éprouviez la foi. Quand un ami se perd, il faut qu’on l’avertisse, 11 faut qu’on le retienne au bord du précipice ; Je l’ai dû, je l’ai fait malgré votre c.ourroux : \ ous y voulez tomber, je m’y jette avec vous ; Et vous reconnaîtrez, au succès de mon zèle, Si Coucy vous aimait, et s’il vous fut fidèle.

VENDÔME.

Je revois mon ami… Vengeons-nous, vole… attend.. Aon, va, te dis-jc, frappe, et je mourrai content. Qu’à l’instant de sa mort, à mon impatience Le canon des remparts annonce ma vengeance ! J’irai, je l’apprendrai, sans trouble et sans effroi, A ]’ol)jet odieux qui l’immole par moi. Allons.

COUCY.

En vous rendant ce malheureux service, Prince, je vous demande un autre sacrifice,

VENDÔME,

Parle.

COUCY.

Je ne veux pas que l’Anglais en ces lieux, Protecteur insolent, commande sous mes yeux ; Je ne veux pas servir un tyran qui nous brave. Ne puis-je vous venger sans être son esclave ? Si vous voulez tomber, pourquoi prendre un appui ? I*our mourir avec vous ai-je besoin de lui ? Du sort de ce grand jour laissez-moi la conduite ; Ce que je fais pour vous peut-être le mérite. Les Anglais avec moi pourraient mal s’accorder ; Jusqu’au dernier moment je veux seul commander.

VENDÔME.

Pourvu qu’Adélaïde, au désespoir réduite, Pleure en larmes de sang l’amant qui l’a séduite ; PouiTU que de l’horreur de ses gémissements Mon courroux se repaisse à mes derniers moments, Tout le reste est égal, et je te l’abandonne ; Prépare le combat, agis, dispose, ordonne. Ce n’est plus la victoire où ma fureur prétend ; Je ne cherche pas même un trépas éclatant.