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HA ADÉLAÏDE DU GUESCLIX.

NEMOURS.

l^uirquoi d’un choix indigne osez-voiis J’accnser ?

VKNDÔME,

Et pourquoi, vous, mon frère, osez-vous l’excuser ? Est-il vrai que de vous elle était ignorée ? Ciol ! à ce piège afîreux nia foi serait livrée ! Tremblez.

NEMOURS.

Moi ! que je tremble ! ali ! j’ai trop dévoré L’inexprimable horreur où toi seul m’as livré ; J’ai forcé trop longtemps mes transports au silence : Connais-moi donc, barbare, et remplis ta vengeance ! Connais un désespoir à tes fureurs égal ; Frappe, voilà mon cœur, et voilà ton rival !

VENDÔME.

Toi, cruel ! toi, Nemours !

NEMOURS.

Oui, depuis deux années, L’amour la plus secrète a joint nos destinées. C’est toi dont les fureurs ont voulu m’arracher Le seul bien sur la terre où j’ai pu m’attacber. Tu fais depuis trois mois les horreurs de ma vie ; Les maux que j’éprouvais passaient ta jalousie : Par tes égarements juge de mes transports. Nous puisâmes tous deux dans ce sang dont je sors L’excès des passions qui dévorent une âme ; La nature à tous deux fit un cœur tout de flamme. Mon frère est mon rival, et je l’ai combattu ; J’ai fait taire le sang, peut-être la vertu. Furieux, aveuglé, plus jaloux que toi-même. J’ai couru, j’ai volé, pour t’ôter ce que j’aime ; Rien ne m’a retenu, ni tes superbes tours, Ni le peu de soldats que j’avais pour secours. Ni le lieu, ni le temps, ni surtout ton courage ; Je n’ai vu que ma flamme, et ton feu qui m’outrage. L’amour fut dans mon cœur plus fort que l’amitié ; Sois cruel comme moi, punis-moi sans pitié : \ussi bien tu ne peux t’assnrer ta conquête. Tu ne peux l’épouser qu’aux dépens de ma tête, A la face des cieux je lui donne ma foi ; Je te fais de nos vœux le témoin malgré toi. Frappe, et qu’après ce coup, ta cruauté jalouse